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Disparition d'Helmut Kohl, ancien chancelier et père de l'Allemagne réunifiée

L'ancien chancelier Helmut Kohl est mort vendredi à l'âge de 87 ans. Il restera dans l'histoire mondiale comme le père de l'Allemagne réunifiée, l'imposant en quelques mois aux grandes puissances et la plaçant au cœur du projet européen.

Helmut Kohl, père de la réunification allemande, pilier de la construction européenne et détenteur du record de longévité à la chancellerie après-guerre (1982-1998) est mort vendredi 16 juin, à 87 ans.

Le quotidien populaire Bild, dont la direction était très proche de l'ex-chancelier, a précisé qu'il était décédé "ce matin dans sa maison de Ludwigshafen", dans le sud-ouest du pays. L'ancien rédacteur en chef du quotidien, Kai Diekmann, qui fut témoin du second mariage de Kohl, a salué sa mémoire : "Merci pour l'unité allemande. Pour l'Europe. Pour tant d'autres choses incroyables. Helmut Kohl, 1930-2017, repose en paix", a-t-il écrit sur Twitter.

Le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, a rendu hommage à un "grand Allemand" et un "grand Européen".

"Nous perdons un très grand Européen", a pour sa part commenté le président français, Emmanuel Macron, qui a également fait part de son "émotion" dans un communiqué, soulignant que "Helmut Kohl fut l'un des grands hommes de l'Europe et du monde libre".

"Nous sommes en deuil", a annoncé l'Union chrétienne-démocrate (CDU) sur Twitter. Helmut Kohl était l'"essence même de l'Europe", a réagit le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Wir trauern. #RIP #HelmutKohl pic.twitter.com/oabr1NoWim

— CDU Deutschlands (@CDU) 16 juin 2017

Colosse physique et historique

L'ancien chancelier, colosse physique et historique, est le père incontesté de l'Allemagne réunifiée. Il restera dans l'histoire pour avoir forcé la main des dirigeants soviétique et américain Mikhaïl Gorbatchev et George Bush, mais aussi de ses alliés européens, pour que la RDA anciennement communiste rejoigne la RFA en 1990, moins d'un an après la chute du Mur de Berlin.

Il a permis ainsi la fin de l'occupation militaire de l'Allemagne, imposée par les quatre puissances victorieuses du nazisme depuis 1945, jetant ainsi les bases de l'émergence d'une Allemagne forte sur la scène internationale.

Pourtant, quand à 52 ans il prend la tête en 1982 du gouvernement d'Allemagne de l'Ouest à la faveur d'un changement d'alliance au Parlement, il est moqué pour son côté rustique et provincial - il le sera toute sa vie - et personne n'aurait alors parié que ce fils d'un fonctionnaire du fisc issu d'une famille de la petite bourgeoisie de Ludwigshafen entrerait dans la mémoire collective européenne.

Disparition d'Helmut Kohl, ancien chancelier et père de l'Allemagne réunifiée

Mais le 9 novembre 1989, le mur de Berlin s'effondre et le chancelier conservateur, alors contesté dans son propre parti (CDU), endosse, selon ses propres mots, "le manteau de l'Histoire". Ce catholique pratiquant surprend en proposant dès le 28 novembre un plan en 10 points devant conduire à l'unification allemande.

Dernières années assombries

Sa fin de carrière sera moins glorieuse, ternie par le scandale des caisses noires du parti. Il finira par reconnaître avoir recueilli des dons occultes, et Angela Merkel, sa protégée, en profitera pour l'évincer. Selon une biographie non autorisée, il n'a jamais pardonné à la chancelière, disant qu'avant de le rencontrer elle "ne savait même pas manger avec un couteau et une fourchette".

Plus récemment, en avril 2016, Kohl a dénoncé la politique d'accueil de la chancellière, qui a permis l'arrivée de 1,1 million de migrants en 2015. Il a aussi reçu le Premier ministre hongrois Viktor Orban, farouche détracteur d'Angela Merkel. Les soubresauts de sa vie privée, étalés dans divers livres et journaux allemands - brouilles avec ses enfants, polémique sur le rôle de sa nouvelle femme, traitement de sa première épouse malade, Hannelore, qui s'est suicidée en 2001 - ont achevé d'assombrir ses dernières années.

Avec AFP