Mohammed Ali Ibrahim, ministre somalien des Affaires sociales, a déclaré à FRANCE 24 que les deux otages français enlevés mardi sont détenus par deux groupes. L’un est aux mains des Shebab, l’autre du groupuscule Hezb al-Islam.
Les deux agents de renseignement français enlevés mardi à leur hôtel dans la capitale somalienne, Mogadiscio, ont été séparés. Ils sont désormais aux mains de deux groupes rebelles islamistes : les Shebab et la milice Hezb al-Islam.
Joint par FRANCE 24, le ministre somalien des Affaires sociales, Mohammed Ali Ibrahim, affirme que "les deux otages français sont actuellement à Mogadiscio et sont en bonne santé. Le Premier ministre [Omar Abdirashid Sharmarke, NDLR] a pu parler avec l’un des deux otages pour le rassurer", assure-t-il.
"Nous sommes très mécontents de ce qu’il s’est passé […], mais nous continuons les négociations avec les kidnappeurs et nous espérons aboutir à un résultat positif", poursuit-il.
Plus tôt jeudi, un responsable proche du président Sharif Sheikh Ahmed avait lâché : "Il y a toujours l'espoir d'une libération rapide."
Selon des sources locales proches du dossier citées par l’AFP, un émissaire français est arrivé dans la capitale somalienne pour piloter les négociations. Le ministère français des Affaires étrangères affirme ne pas avoir d’information à ce propos.
Selon Stéphanie Braquehais, correspondante de FRANCE 24 à Mogadiscio, les deux Français ont été séparés dans la nuit de mercredi à jeudi après d’intenses négociations entre les deux groupes. "La séparation des otages a évité un affrontement entre les deux organisations, des affrontements qui semblaient imminents mercredi", indique-t-elle, précisant toutefois que les enlèvements n’ont toujours pas été revendiqués.
Les milices islamistes veulent renverser le président somalien
Les organisations qui détiennent les Français ont lancé en mai dernier une vaste opération visant à renverser le président en place, Sharif Sheikh Ahmed.
"On ne peut plus parler de groupe politique ou de groupe crapuleux, estime Lucas Menget, grand reporter à FRANCE 24. Tous ces groupes politiques basculent à un moment ou à un autre dans le banditisme pour essayer de récupérer de l’argent."
"Ces milices et groupes armés ont besoin d’énormément d’argent pour fonctionner, poursuit-il. L'enlèvement de ces deux agents fait la publicité et sert les besoins financiers de groupes mafieux et terroristes à l'intérieur de Mogadiscio", poursuit-il.
Les groupes islamistes contrôlent tout le sud et le centre du pays, ainsi qu’une grande partie de Mogadiscio.
Le président Ahmed est retranché dans le palais présidentiel, protégé par les soldats de la mission de paix de l'Union africaine (Amisom). Ses forces ont été incapables d'asseoir leur autorité sur l'ensemble de la capitale.
Le gouvernement somalien a lancé un appel quasi-désespéré, le 20 juin, à ses voisins pour contrer l'offensive des insurgés islamistes qui menacent sa survie.