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Sans surprise, la publication de la liste des meilleures universités du monde révèle une domination des États-Unis sur l'enseignement supérieur. Victime des spécificités du système français, la première fac hexagonale n'est que 42e.

Chaque année, l ’université Jiao Tong de Shanghaï publie le classement des meilleures universités de la planète, qui fait référence dans le secteur.

Il suffit de jeter un coup d’œil au haut du classement pour comprendre que les grandes universités anglo-saxonnes dominent le monde de l’enseignement supérieur. Le top 20 est presque exclusivement constitué d'établissements américains, à l’exception de Cambridge (Royaume-Uni, 4e), d’Oxford (Royaume-Uni, 10e) et de l’université de Tokyo (Japon, 19e). Pour certains toutefois, ce classement ne prend pas en compte les systèmes éducatifs spécifiques de certains pays.

Ainsi, la première université française, Paris VI,  ne pointe qu'en 42e position. "Le classement ne prend pas en compte les spécificités de l’enseignement supérieur français", justifie un responsable du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche à FRANCE 24.

Parmi les différents paramètres utilisés par l ’université Jiao Tong de Shanghaï pour évaluer le niveau des universités internationales, les plus importants sont la qualité des étudiants et des enseignants, la recherche, et le budget dont elles disposent.  

En France, la séparation entre les grandes écoles, très sélectives mais qui font peu de recherche, et les universités, qui ne sélectionnent pas leurs étudiants, a pour conséquence un mauvais classement des unes comme des autres. La première grande école, l’École normale supérieure, ne figure qu’à la 73e place.

"Le projet d’autonomie des universités va permettre de mieux classer nos facultés. L’autre idée du gouvernement est de placer l’université au cœur du système de recherche", déclare le même responsable du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qui estime que les universités françaises sont trop "morcelées".

"En France, une grande part des activités de recherche est effectuée par le CNRS (Centre national de la recherche scientifique)", déclare à FRANCE 24 Steven Ekovich, professeur en sciences politiques à l’Université américaine de Paris , qui suggère que la division des ressources allouées à la recherche en France, éclatées entre celles versées à l’université et celles attribuées au CNRS, nuit à l'Hexagone dans le "classement de Shanghaï".

Différence culturelle

Si les universités américaines dominent le classement, c’est surtout parce qu’elles entretiennent des liens plus étroits avec le secteur privé et la recherche, et qu’elles disposent de moyens bien plus élevés qu’ailleurs dans le monde. En 2008, l’université de Harvard, en tête du classement de l ’université Jiao Tong , disposait d'une dotation de 37 milliards de dollars.

Pour atteindre des sommes aussi colossales, les universités américaines bénéficient d’un solide triptyque financier : les subventions de l’État (fédéral ou fédéré), les subventions des fondations  (qui disposent d’avantages fiscaux), et les donations des anciens élèves. Un financement très largement privé donc, grâce à la législation fiscale américaine très avantageuse. 

Là où, en France ou en Allemagne, l’État octroie des bourses aux étudiants les plus démunis, les États-Unis pratiquent le "Social Gospel".

"Les gens qui gagnent beaucoup d’argent estiment devoir quelque chose à la société, explique Steven Ekovich. Par conséquent, ces anciens élèves donnent de l’argent à leurs universités. Cela n’existe pas en France, car la fiscalité n’y incite pas. On préfère se reposer sur l’État."

Selon lui encore, le coût très élevé de l’inscription dans les grandes universités américaines est compensé par le nombre de bourses octroyées aux meilleurs éléments. "Ce sont les riches qui financent les pauvres les plus doués", résume-t-il.

Même si Nicolas Sarkozy a annoncé vouloir augmenter de 50 % le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche, la France a donc encore une longue route à faire avant de pouvoir, un jour, prétendre à une place dans le club très fermé des universités les plus prisées dans le monde.