Le Wall Street Journal affirme dans une enquête, publiée lundi, que les forces spéciales françaises chassent les jihadistes français de l'EI à Mossoul, en Irak, et sous-traitent leur "élimination" à l'armée irakienne. Décryptage.
Dans une enquête menée en Irak, le Wall Street Journal révèle, lundi 29 mai, que les forces spéciales françaises présentes à Mossoul traquent les jihadistes français de l’organisation de l’État islamique (EI) et délèguent leur "élimination" à l’armée irakienne – ce que les responsables français comme irakiens nient farouchement.
Pourtant, des précédents existent : en Syrie, au moins huit cas d’assassinats ciblés sont documentés, d’après des informations américaines, explique Wassim Nasr, journaliste de France 24 et spécialiste des mouvements jihadistes.
Flou judiciaire
Cette question reste taboue en France, où l’État ne communique pas. Une problématique délicate, gérée de manière différente en fonction des puissances occidentales : "D’un côté, les Américains, et depuis quelques mois les Britanniques, n’hésitent pas à dire qu’ils ciblent nommément leurs ressortissants jihadistes ; et de l’autre, les Français affirment qu’ils ne ciblent pas des personnes, mais des lieux", précise le journaliste.
Or ces lieux ciblés peuvent potentiellement abriter des jihadistes français. "La seule fois où la France a communiqué, elle a expliqué avoir tué un jihadiste français qui se trouvait dans un entrepôt d’armes, mais il n’était pas lui-même visé", explique Wassim Nasr. Pourtant le Royaume-Uni et la France ont aboli la peine de mort. "Cela pose beaucoup de problèmes car on est dans une zone de flou judiciaire, dans une zone de guerre. Les familles des jihadistes pourraient très bien demander des comptes à l’État français", indique le journaliste.