Au Bangladesh, le démantèlement, vendredi par les autorités, d'une statue représentant la justice et jugée "non islamique" par les religieux fondamentalistes a provoqué des heurts entre des manifestants laïcs et la police.
La statue représentait la justice sous les traits d'une déesse grecque en sari, les yeux bandés, tenant entre ses mains une balance. Installée devant la Cour suprême de la capitale du Bangladesh, Dacca, elle a été démantelée vendredi 26 mai par les autorités sous la pression des fondamentalistes religieux qui la jugeaient "non islamique".
Des centaines de militants laïcs ont immédiatement protesté, devant la Cour suprême et sur le campus de la Dhaka University, un bastion des défenseurs de la laïcité. Cette décision gouvernementale est le signe, selon eux, de l'islamisation insidieuse du pays. La manifestation a été dispersée par la police qui a tiré des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et a utilisé des canons à eau.
"Quatre personnes ont été interpellées pour avoir forcé un barrage et des manifestants ont aussi saccagé plusieurs voitures", a déclaré le commissaire adjoint de la police de Dacca, Maruf Hossain Sorder.
"Une claque pour tous les progressistes de ce pays"
Le créateur de la statue controversée, le sculpteur Mrinal Haque, a accusé les autorités d'avoir cédé au Hefazat-e-Islam, un groupe de musulmans fondamentalistes qui avaient organisé des manifestations pendant des mois pour réclamer son enlèvement. "C'est une claque pour tous les progressistes de ce pays", a-t-il déclaré.
La Première ministre Sheikh Hasina, qui dirige le parti laïc Awami League, a semblé soutenir les islamistes par ses récentes critiques de l'œuvre, qualifiée de "ridicule". "Pour ma part, je ne l'aime pas. On dit que c'est une statue grecque. Mais comment une statue grecque a-t-elle atterri ici ?", a-t-elle lancé. D'après les analystes, elle tentait de gagner les faveurs des islamistes et de l'électorat rural conservateur avant les élections prévues l'an prochain.
Le Bangladesh glisse depuis quelques décennies vers un islam rigoriste, sous l'influence d'un wahhabisme de plus en plus présent dans le pays, loin de la version modérée de l'islam qui a prévalu pendant des générations. Des blogueurs athées, des étrangers et des membres des minorités religieuses y ont été assassinés ces dernières années.
Avec AFP