logo

Le bras financier de l’Église anglicane a connu une année record en 2016 et a pu augmenter de plus d’un milliard d’euros la valeur de ses actifs, notamment grâce au Brexit.

Au nom du Père, du Fils et du saint profit. L’église anglicane a révélé, lundi 22 mai, les résultats financiers de son fonds de dotation, qui place une partie de l’argent gérée par le culte. Il a connu en 2016 un retour sur investissement de 17,1 %, une performance à faire pâlir d’envie bon nombre de fonds d’investissement.

La Church Commissioners for England - appellation de ce fonds religieux - a fait deux fois mieux qu’en 2015 et les placements effectués ont permis d’augmenter la valeur des actifs de 900 millions de livres sterling (1,04 milliard d’euros). L’Église anglicane est dorénavant assise sur un trésor de 7,9 milliards de livres sterling (9,1 milliards d’euros), répartis entre des actions en Bourse, des propriétés dans le quartier huppé de Hyde Park à Londres, des champs de panneaux solaires dans la campagne britannique ou encore des exploitations forestières.

Merci à la chute de la livre sterling

Cette performance remarquable n’est pas le résultat d’une intervention divine. Le miracle, en l'occurrence, s’appelle Brexit. La forte chute de la livre sterling après le vote britannique de juin 2016 en faveur d’une sortie de l’Union européenne a fait les affaires de la Church Commissioners for England.

Le fonds de l’église a, en effet, beaucoup investi (19 % de ses actifs) dans des entreprises étrangères cotées à Londres et dont les revenus sont en dollars. Plus la livre sterling baissait, plus le billet vert était en hausse et plus les sociétés dont le chiffre d’affaires était libellé en dollars gagnaient en valeur en Bourse : jackpot pour le fonds de dotation.

L’Église anglicane reconnaît d’ailleurs le rôle joué par le Brexit dans sa bonne fortune. Mais, elle souligne que d’autres placements - comme les exploitations forestières et les investissements dans des entreprises non cotées (comme les start-up) - se sont aussi révélés rentables.

Investissements éthiques

Surtout, l’archevêque de Canterbury Justin Welby, autorité suprême de l’Église anglicane, a tenu à souligner que son fonds de dotation faisait mieux que la plupart de ses concurrents tout en suivant une politique d’investissement aussi éthique que possible.

Le bras financier de l’église a, en effet, la particularité de se tenir aussi éloigné que possible de secteurs pourtant très rentables comme les armes, l’alcool, la pornographie ou encore les sociétés de prêts qui pratiquent des taux élevés. Ce qui ne signifie pas qu’il n’y a absolument aucun intérêt : les règles du fonds lui permettent d’investir dans des entreprises qui ont, par exemple, moins de 3 % de leur revenus issus de la pornographie ou moins de 10 % de la vente de matériel militaire.

En revanche, la Church Commissioners for England ne s’interdit pas de miser sur des entreprises du secteur pétrolier ou gazier, malgré la multiplication des appels aux gérants de fonds d’investissement de se désengager autant que possible des industries fossiles, responsables d’une part non négligeable des émissions à gaz carbonique.

Tags: Brexit, Religion,