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La juge Sonia Sotomayor face aux élus républicains

Les élus américains continuent de questionner Sonia Sotomayor, qui pourrait devenir la première juge hispanique à intégrer la Cour suprême. Mardi, la magistrate s'est employée à se défendre face aux critiques des républicains.

AFP - Sonia Sotomayor, quasiment assurée de devenir la première juge hispanique de l'Histoire américaine à la Cour suprême, s'est défendue mardi face aux critiques des conservateurs et s'est attelée à critiquer implicitement la "guerre contre le terrorisme" de George W. Bush.

"Je veux dire devant vous, sans équivoque ni doute, que je ne crois pas que l'appartenance à un groupe ethnique ou racial ou à un genre soit un avantage pour un jugement sain", a-t-elle déclaré, au deuxième jour de son grand oral devant la commission judiciaire du Sénat en vue de sa confirmation.

La candidate du président Barack Obama était pressée de s'expliquer sur une phrase prononcée en 2001: "J'espère qu'une femme hispanique avisée et forte d'une expérience riche prendrait, plus souvent que l'inverse, une meilleure décision" qu'un juge blanc.

C'était "une rhétorique théâtrale qui est tombée à plat", s'est défendue Mme Sotomayor.

Les critiques les plus conservateurs avaient utilisé cette remarque pour mettre en cause la partialité de Mme Sotomayor, d'origine portoricaine, qui a grandi dans le Bronx, un quartier populaire de New York.

Le sénateur républicain de l'Alabama Jeff Sessions a dit mardi être toujours "très troublé" par ce parti-pris racial, selon lui, qui pourrait s'épanouir "pleinement" si le Sénat confirmait la nomination de Mme Sotomayor à la Cour suprême. Les neuf juges de la plus haute Cour des Etats-Unis sont nommés à vie.

Dans l'après-midi, dans une allusion à peine voilée à la "guerre contre le terrorisme" décrétée par l'ancien président George W. Bush, la magistrate s'est lancée dans une comparaison avec l'internement d'Américains d'origine japonaise durant la Seconde guerre mondiale, dans l'ouest des Etats-Unis, à partir de 1942.

Alors que la Cour suprême avait estimé en 1944 que cette pratique était bel et bien constitutionnelle, Mme Sotomayor a expliqué qu'il lui paraissait "inconcevable aujourd'hui qu'une décision soit considérée comme opportune par notre gouvernement alors qu'elle autorise l'arrestation et la détention de personnes sur la seule base de leur origine ethnique".

Bien que Mme Sotomayor n'ait pas étendu son parallèle, l'allusion aux détentions de personnes d'origine arabe lors de la présidence de George W. Bush, que certains démocrates jugeaient arbitraires, n'a pas échappé à la salle d'audience.

Durant les quatre jours d'audition, la commission doit entendre 31 personnes, dont l'ancien directeur du FBI Louis Freeh, mentor de Mme Sotomayor, et Linda Chavez, une militante conservatrice.

Les républicains auront 14 intervenants, dont un représentant des pompiers blancs, dont la plainte pour discrimination raciale rejetée en appel par Mme Sotomayor avait finalement été jugée recevable par la Cour suprême fin juin.

Si Sonia Sotomayor était confirmée par les sénateurs, elle deviendrait la troisième femme à occuper un tel poste et la première d'origine hispanique.

Elle succèderait à David Souter qui s'est retiré en juin.

L'opposition républicaine a peu de chances de lui faire barrage. Les démocrates détiennent 60 sièges au Sénat, soit la majorité nécessaire pour lui donner le feu vert.