Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté, samedi, au Venezuela, contre le président Nicolas Maduro dont ils exigent le départ. Quarante-sept personnes ont déjà trouvé la mort lors de ces marches quasi-quotidiennes depuis le 1er avril.
Des dizaines de milliers de Vénézuéliens ont défilé, samedi 20 mai, à travers le pays pour exiger le départ du président socialiste Nicolas Maduro dont ils dénoncent la "dictature", au cinquantième jour de la vague d'actions de protestation, qui a déjà fait 47 morts depuis le début du mouvement, le 1er avril.
À Caracas, ils étaient plus d'une dizaine de milliers à tenter d'atteindre le ministère de l'Intérieur, sous les tirs de grenades lacrymogènes des forces de l'ordre, a constaté l'AFP. À San Cristobal, dans l'État de Tachira (ouest), frontalier de la Colombie, ils étaient plus de 40 000 à défiler, selon une estimation de l'AFP, malgré une situation tendue après le déploiement de 2 600 militaires consécutif à une série de pillages et d'attaques contre des installations de la police et de l'armée.
"C'est une façon de rappeler au gouvernement qu'après cinquante jours de résistance, des morts et des prisonniers, nous sommes plus nombreux et que nous n'allons pas nous rendre", a déclaré vendredi soir lors d'un rassemblement public Freddy Guevara, le vice-président du Parlement, dominé par l'opposition.
"#Nous sommes des millions à être contre la dictature ; #Plus de dictature !", pouvait-on lire sur des pancartes des antichavistes (du nom du défunt Hugo Chavez, président entre 1999 et 2013) qui se regroupaient sur l'une des principales artères de la ville.
Près de 50 morts
Depuis le début des marches anti-Maduro, on compte des centaines de blessés et quelque 2 200 personnes interpellées, selon l'ONG Foro Penal, qui rapporte que 161 personnes au moins ont été incarcérées sur ordre des tribunaux militaires.
Selon le tout dernier bilan du parquet, diffusé vendredi, les incidents qui entourent ces rassemblements quasi quotidiens ont fait 47 morts. Les manifestations dégénèrent la plupart du temps en affrontements avec les forces de l'ordre, où aux projectiles en tous genres et cocktails Molotov répondent les gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc et canons à eau de la police. Les tirs sont parfois réels, et sont la cause de plusieurs des morts, des faits pour lesquels des fonctionnaires ont été arrêtés.
Le chef de l'opposition vénézuélienne Henrique Capriles, qui a accusé les autorités de l'empêcher de quitter le pays en lui "retirant" son passeport, a annoncé qu'un de ses avocats avait remis vendredi à New York un rapport sur la crise qui frappe le pays sud-américain au Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein.
Sept Vénézuéliens sur dix souhaitent le départ du président Maduro, selon les sondages, alors qu'une profonde crise économique et sociale alimente la colère populaire. Ce pays pétrolier, ruiné par la chute des cours du brut, est frappé par de graves pénuries d'aliments et de médicaments. L'inflation y est la plus élevée au monde et la criminalité hors de contrôle.
Nicolas Maduro recevra pour sa part au Palais présidentiel de Miraflores des membres du personnel du secteur alimentaire qui défileront pour soutenir le projet d'assemblée constituante qu'il a avancé.
Avec AFP