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Proche-Orient, Europe : la tournée à hauts risques de Donald Trump

En difficulté aux États-Unis, Donald Trump débute vendredi sa première tournée diplomatique, qui le mènera en Arabie saoudite, en Israël et en Cisjordanie, puis au Vatican, à Bruxelles et, enfin, à Taormina, en Sicile, pour le sommet du G7.

Riyad, Jérusalem, Bethléem, le Vatican, Bruxelles, le G7 en Sicile, une multitude de tête-à-tête, du roi Salmane au pape François en passant par le nouveau président français Emmanuel Macron : en pleine tempête politique, le président américain Donald Trump embarquera vendredi 19 mai à bord d'Air Force One pour un déplacement de huit jours dans cinq pays. Après un long vol de nuit, Donald Trump sortira de l'avion présidentiel en Arabie saoudite samedi.

D'après des membres de l'équipe présidentielle et des républicains proches de la Maison blanche, le président américain entend démontrer, lors de cette tournée, le leadership des États-Unis mais il devra éviter que les révélations à répétition sur des questions très sensibles de sécurité et de renseignement ne viennent brouiller son message. Depuis le scandale provoqué par le renvoi brutal du directeur du FBI, le 9 mai dernier, la légèreté avec laquelle le président américain traite des informations classifiées est l’objet de critiques. "Si la Maison blanche table sur ce déplacement international pour tourner la page, il va falloir que tout se déroule comme sur des roulettes et sans erreurs graves", note un consultant du Parti républicain sous couvert d'anonymat.

Tomorrow @POTUS leaves on his first foreign trip: 8 days, 5 stops, and 4 countries. Follow along at https://t.co/Xi8ytuKEnN #POTUSAbroad pic.twitter.com/fIAPE5znVt

— The White House (@WhiteHouse) 18 mai 2017

Un discours sur l'islam en Arabie saoudite

En Arabie saoudite, la première étape de son périple, Donald Trump devrait s'attacher à marquer le contraste avec son prédécesseur, qui suscitait la méfiance des monarchies sunnites du Golfe. Discours musclé vis-à-vis de l'Iran chiite, mise en sourdine des questions sur les droits de l'Homme, annonce probable de contrats d'armement : les ingrédients sont réunis pour que l'accueil soit bon. Mais le président prend un pari risqué en prononçant, depuis la capitale saoudienne et devant plus de 50 dirigeants de pays musulmans, un discours sur l'islam. "Je les appellerai à combattre la haine et l'extrémisme", a-t-il promis avant son départ, évoquant une "vision pacifique" de l'islam. Ce discours au sommet de Riyad sera finalement prononcé en l'absence du président soudanais Omar el-Béchir, sous le coup d'un mandat d'arrêt international pour génocide, qui a renoncé à venir.

En Israël, deuxième étape de son voyage, le déplacement est déjà entouré d'un parfum de polémique, lié à l'organisation de la visite au mur des Lamentations et à la transmission aux russes d'informations classifiées obtenues de l'allié israélien. Sur un plan purement politique, Trump s'entretiendra avec "son ami" le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à Jérusalem, et avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à Bethléem, en Cisjordanie.

Débutera ensuite la partie européenne de son voyage, qui le mènera d'abord au Vatican, où une audience est prévue le mercredi 24 mai avec le pape François, un homme dont les positions sont aux antipodes des siennes, que ce soit sur l'immigration, les réfugiés ou le changement climatique.

Donald Trump se rendra ensuite à Bruxelles pour un sommet de l'Otan, où il rencontrera à cette occasion son homologue français Emmanuel Macron. "Investira-t-il dans la relation avec les alliés outre-Atlantique comme tous ses prédécesseurs l'ont fait depuis Pearl Harbor ?", interroge Charles Kupchan, ex-conseiller de Barack Obama. "Il est arrivé au pouvoir en laissant entendre que non, il a depuis suggéré que peut-être. Tout le monde sera à l'affût". Donald Trump n'a, à ce jour, jamais personnellement réaffirmé l'engagement des États-Unis à l'égard de l'article 5 du traité de l'Otan sur la solidarité entre États membres en cas d'agression extérieure. Jeudi, un haut responsable de la Maison Blanche a même brandi la menace de quitter l'Otan.

Donald Trump participera enfin au sommet du G7, le groupe des sept pays les plus industrialisés de la planète, les 26 et 27 mai à Taormina, en Sicile.

Analogie avec le voyage de Nixon au Proche-Orient en plein Watergate

Pour préparer ce déplacement, Trump a enchaîné les réunions avec son secrétaire d'État, Rex Tillerson, son secrétaire à la Défense, Jim Mattis, son conseiller à la sécurité nationale et son adjointe Dina Powell, de même qu'avec son gendre et haut conseiller, Jared Kushner, qui sera du voyage, tout comme la fille et la femme du président, très en retrait jusqu'ici.

La perception du déplacement depuis l'Amérique sera aussi cruciale. Mais, quelles que soient les images fortes qui resteront de son périple, il aura du mal à faire oublier les affaires qui font trembler sa présidence à Washington. Pour Bruce Riedel, ancien de la CIA aujourd'hui analyste de la Brookings Institution, la comparaison qui vient naturellement à l'esprit est celle du voyage de Richard Nixon au Proche-Orient en 1974, qui espérait un succès diplomatique "pour détourner l'attention du scandale du Watergate". "Cela n'a pas fonctionné, les médias américains se sont concentrés sans relâche sur le Watergate, ont traité le voyage comme quelque chose d'accessoire, et les révélations ont continué à s'accumuler...".

Avec AFP et Reuters