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La situation qui semblait s'être apaisée samedi en Côte d'Ivoire s'est à nouveau tendue à Bouaké, où des soldats mutins ont bloqué l'accès à la ville. Le général Touré Sekou a promis vendredi des "sanctions disciplinaires sévères".

Le calme précaire a été de courte durée, samedi 13 mai en Côte d'Ivoire. Alors que la situation semblait s'être apaisée après des tirs vendredi, des soldats mutins ont dans la matinée à nouveau bloqué les accès à Bouaké, deuxième ville de Côte d'Ivoire, pour dénoncer un accord par lequel leurs délégués ont renoncé au versement de primes par le gouvernement.

"Tout militaire se livrant à des actes répréhensibles s'expose à des sanctions disciplinaires sévères telles que prévues par le règlement", avait prévenu le général Touré Sekou, chef d'état-major des armées, dans une allocution lors du journal télévisé du soir.

Renoncement ?

Anciens rebelles intégrés dans l'armée, les mutins réclament le paiement de restes de primes que leur avait promises le gouvernement après les mutineries de début janvier. Les soldats mutins sont d'anciens rebelles qui avaient aidé Alassane Ouattara à prendre le pouvoir après la crise post-électorale de 2010-2011, lorsque le président Laurent Gbagbo avait refusé de reconnaître sa défaite électorale.

Le ton ferme du chef d'état-major contrastait avec l'attitude conciliante du président Ouattara jeudi soir, lors d'une cérémonie au palais présidentiel en présence de quelques soldats mutins. Ceux-ci avaient alors annoncé avoir renoncé à leurs revendications financières obtenues après le mouvement de grogne de septembre qui avait ébranlé le pays.

Cette cérémonie, organisée sans la présence de la presse et diffusée en différé après montage, se voulait visiblement un point final à la protestation de l'ensemble des forces de sécurité, alors que ce pays d'Afrique de l'Ouest est durement touché par l'effondrement des cours du cacao, vital pour son économie et dont il est le premier producteur mondial.

"L'argent ou la mort"

Mais cette cérémonie a finalement déclenché un nouveau mouvement de grogne. Ainsi dans la nuit de jeudi à vendredi et une partie de la journée de vendredi, des mutins ont tiré en l'air dans et parfois hors des casernes pour manifester leur mécontentement dans plusieurs villes du pays, dont Abidjan. "Notre réponse à l'annonce d'hier, c'est ça", a expliqué vendredi un mutin sous couvert d'anonymat. "L'argent ou la mort", a lancé un autre.

Début janvier, la mutinerie avait paralysé plusieurs villes, notamment Abidjan. Des affrontements avaient fait quatre morts à Yamoussoukro. Le président Ouattara avait rappelé jeudi que la "stabilité de la Côte d'Ivoire a été mise à mal" et les événements avaient "effrayé les Ivoiriens, ceux qui veulent investir et visiter le pays".

Avec AFP