
La milieu de terrain islandaise Dagny Brynjarsdottir embrasse son fils Brynjar à la fin du match de football du groupe D de l'Euro 2022 entre l'Islande et la France au New York Stadium de Rotherham, dans le nord de l'Angleterre, le 18 juillet 2022. AFP - OLI SCARFF
"Pour une athlète en général, d'avoir son enfant à côté, mentalement, cela fait du bien". Amel Majri a le sourire. Comme lors du dernier Mondial en 2023, la joueuse Française est accompagnée par sa fille au cours de l'Euro 2025 organisée en Suisse.
"La fédération gère la chose vraiment bien. Elle nous accompagne tout le temps. Elle peut être présente constamment", a expliqué l'internationale tricolore lors d'une conférence de presse, le 2 juillet dernier. Il y a deux ans, la joueuse de l'Olympique lyonnais avait été la première représentante des Bleues à venir avec son enfant au centre de Clairefontaine.
Elle bénéficie d'un "protocole maman" mis en place en 2023 par la Fédération française de football sous l'ère de Corinne Diacre. La FFF prend ainsi en charge le déplacement, l’hébergement et la restauration d’un accompagnant et de l’enfant jusqu’à ses trois ans lors des compétitions. "Au quotidien, les joueuses peuvent voir leur enfant quand elles le souhaitent lors des moments disponibles entre les rendez-vous quotidiens et obligatoires du groupe (entraînement, repas, réunions…)", a précisé la FFF auprès du journal l'Équipe.
"Tout est fait en sorte que pour nous, on soit dans les meilleures conditions tout en respectant aussi l'équilibre et le cadre que l'équipe doit avoir", estime ainsi Amel Majri. Pour la milieu de terrain, cette accompagnement est un vrai plus pour se changer les idées : "Ça permet de switcher. Et quand les séances d’entraînement sont dures, on retrouve l’enfant, on est contentes et ça fait du bien".
Pour afficher ce contenu X (Twitter), il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.
Accepter Gérer mes choixDes prises en charge par de nombreuses sélections
Dans l'équipe nationale, la gardienne remplaçante Constance Picaud profite aussi de la présence de sa fille âgée d'un an. Sa compagne se trouve au camp de base de l'équipe de France pour s'occuper de leur enfant. Leurs coéquipières, qui ne sont pas maman, apprécient aussi de les voir au quotidien. "Franchement ça fait du bien de les voir courir partout, crier, jouer, tomber", a ainsi raconté en conférence de presse la défenseuse Melween N’Dongala.
La capitaine espagnole Irene Paredes a aussi la chance de pouvoir compter sur la présence de son fils en Suisse qui l'accompagnait déjà lors de la Coupe du monde en 2023 en Nouvelle-Zélande et en Australie remportée par son équipe. D'autres pays ont mis en place des mesures similaires. Le Danemark couvre les frais de l'enfant et de l'accompagnateur. L'Allemagne, championne d'Europe à huit reprises en 13 éditions, prend également en charge les frais d'hôtel, de repas et de déplacement des enfants et de leur accompagnateur. En Suède et en Islande, le soutien financier inclut la rémunération d'une nounou ou d'une baby-sitter.
Pour afficher ce contenu Instagram, il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.
Accepter Gérer mes choixNe pas abandonner son rêve
Cette année encore, la sélection des "Stelpurnar okkar" compte des mères dans ses rangs dont la défenseuse de West Ham Dagný Brynjarsdóttir. Après avoir donné naissance à son deuxième fils en février 2024, sa place dans l'équipe d'Islande était loin d'être acquise. Elle participe pourtant cette année à son quatrième Euro. "Quand je suis tombée enceinte de lui (son premier fils Brynjar, NDLR), peu de mères jouaient à l'époque. Je sais qu'à l'époque, beaucoup doutaient de moi, et je pense que j'ai fait preuve de force, en montrant que je resterais cette joueuse, sans abandonner mon rêve", a-t-elle confié en mars dernier sur le site du club anglais de West Ham.
Pour elle, la plus grande difficulté en tant que maman concerne les déplacements. "C’est probablement la chose la plus difficile à gérer quand on est maman et joueuse professionnelle. Je ne passe pas autant de temps avec mes enfants que j’aimerais", a-t-elle expliqué sur le site de l'UEFA. "C’est compliqué, mais quand on joue dans un grand club, avec beaucoup de soutien, il est possible de jouer sur la scène internationale, dans les grands tournois, même quand on est une maman", a-t-elle ajouté.
Pour afficher ce contenu Instagram, il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.
Accepter Gérer mes choixDans les rangs de l'équipe de Suède, Amanda Ilestedt, une joueuse passée par le PSG et le Bayern Munich, est aussi devenue maman en août 2024. Cinq mois plus tard, elle a fait son retour sur le terrain avec son club d'Arsenal. "C'est tellement bon. C'est l'un de mes plus grands moments de fierté : revenir après avoir accouché et pouvoir ensuite emmener Mila sur le terrain. C'était mon rêve depuis longtemps. C'était vraiment spécial. On aurait dit que Mila prenait du plaisir ; elle ne pleurait pas", a-t-elle décrit auprès du Telegraph.
La défenseuse scandinave, qui a depuis remporté la Ligue des champions, avec son équipe, a remercié sur les réseaux sociaux Arsenal pour "le soutien et l'accompagnement" qu'elle a reçu tout au long de sa grossesse et de son post-partum. Tout au long de la saison, sa fille a ainsi pu partir avec elle lors des matches extérieurs.
Pour afficher ce contenu Instagram, il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.
Accepter Gérer mes choixDe nouveaux cadres réglementaires
Les choses ont bien évolué. Seules 2 % des joueuses déclaraient avoir un enfant en 2017, date de la dernière étude du syndicat mondial des joueurs (Fifpro) sur le sujet, parmi les 3 500 joueuses des principaux championnats interrogées. Et seules 8 % d'entre elles avaient reçu une allocation de maternité de leur club ou de leur fédération.
En janvier 2023, l'Islandaise Sara Bjork Gunnarsdottir, avait révélé qu'elle avait subi une baisse de salaire pendant sa grossesse, quand elle jouait pour l'OL, qui n'avait pas non plus facilité son retour à la compétition. Elle a remporté son procès contre le club français devant le tribunal du football de la FIFA et a récupéré la partie non payée de son salaire.
Depuis 2021, la FIFA a instauré un nouveau cadre réglementaire avec "une période minimale de 14 semaines de congés payés, dont au moins huit doivent être prises après la naissance de l'enfant", assortie d'une obligation de rémunérer la joueuse "aux deux tiers" de son salaire, a minima. En mai 2024, la FIFA a aussi approuvé un renforcement des mesures de protection de la maternité dans le football, encourageant les pays à faciliter l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
"Lors d'une Coupe du monde (ou d'un tournoi continental), les joueurs et joueuses sont éloignés de leur famille pendant cinq ou six semaines. Cela peut causer de graves dommages psychologiques à ces joueuses et à leurs enfants. Encourager les fédérations membres à permettre aux mères et aux pères d'emmener leurs enfants aux camps d'entraînement est une mesure très importante", a déclaré auprès de l'AFP Sarai Bareman, responsable du football féminin à la FIFA.
Mais il reste encore de nombreux freins. Beaucoup de joueuses craignent encore les conséquences que pourrait avoir une grossesse sur leur carrière. L'Angleterre, championne d'Europe en titre, ne compte ainsi aucune mère dans son effectif. Interrogées à ce sujet par la BBC, deux stars des Lionesses, n'ont pas caché qu'il s'agissait encore d'un sujet compliqué. "C'est une question à laquelle il faut réfléchir. Ce n'est pas aussi simple qu'on le pense. Dois-je avoir un enfant et revenir ? Serai-je capable de revenir ? Dois-je m'efforcer de réussir au mieux, puis m'éloigner du jeu et fonder ma propre famille ?", a résumé la milieu de terrain Ella Toone.
Pour sa coéquipère en sélection l'attaquante Alessia Russo, la question se posera plus tard : "Je pense qu'avec le football et toutes les envies qu'on a de gagner, cela passe presque au second plan. Mais je trouve cela excitant de savoir qu'on aura un autre chapitre de notre vie après le football".
Avec AFP