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La cartographie des électeurs du second tour de la présidentielle française

Où a-t-on le plus voté pour Marine Le Pen ? Dans quels départements Emmanuel Macron a-t-il réalisé ses meilleurs scores ? Quid de l'abstention ? France 24 propose un décryptage de la cartographie des électeurs du second tour de la présidentielle.

En découvrant la carte interactive des résultats du second tour de l'élection présidentielle, publiés dimanche 7 mai par le ministère de l'Intérieur, la victoire d'Emmanuel Macron saute aux yeux : Avec 66,1% des voix, le candidat centriste s'impose dans tous les départements sauf deux. 

  • L'Aisne et le Pas-de-Calais pour Marine Le Pen

Marine Le Pen affiche ses meilleurs scores dans les Hauts-de-France : dans l'Aisne, en proie à la désertification, où elle obtient 52,9 % des suffrages, et dans le Pas-de-Calais (52,05 %) où se trouve son fief d'Hénin-Beaumont. Dans cette municipalité frontiste, où elle a voté dimanche, elle obtient 61,5 % des suffrages, ce qui la place dans une situation idéale pour y conquérir un siège de députée, manqué d'un cheveu en 2012.

La candidate frontiste s'impose également dans des villes moyennes comme Saint-Quentin (Aisne, 43 %), la ville de Xavier Bertrand, le président de région, ou Cambrai, tenue par un maire de Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan (46 %) mais aussi Calais (57,42 %), ancienne ville communiste affectée par une vague migratoire.

La candidate du Front national, qui a grignoté 265 000 voix dans la région par rapport au premier tour, accentue ainsi son enracinement. Le parti progresse de 4 points par rapport aux régionales de décembre 2015 (43 %).

  • Emmanuel Macron remporte les Hauts-de-France

Malgré les bons scores de Marine Le Pen dans les Hauts-de-France, le candidat d'En Marche ! arrive en tête de la région avec 53 % des voix (52,94 % très précisément). Il l'emporte nettement dans le Nord (56,90 %), département le plus peuplé de France avec 2,5 millions d'habitants et écrase particulièrement son adversaire dans les grandes villes comme Amiens, sa ville natale (72 %), Lille (78 %) où Jean-Luc Mélenchon était arrivé en tête au premier tour, Arras, chef-lieu du Pas-de-Calais (65 %), ou encore Roubaix, une cité populaire (74,6 %). Il a également remporté Villers-Cotterêts, l'autre commune frontiste de la région (Aisne), où Marine Le Pen est devancée de 12 voix par Emmanuel Macron.

L'ensemble des régions est acquis au candidat centriste, qui a survolé le second tour en Ile-de-France (78,72 %), ainsi qu'en Bretagne (77,36 %), mais signe un faible score dans le Grand-Est avec 58 %. 

  • Le PACA pour Emmanuel Macron

Emmanuel Macron signe son plus beau score en région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA), où le président-élu a réussi à s'imposer en dépit des bastions FN du Vaucluse et du Var. Il s'est imposé avec 55,38 % des voix alors que cinq des six départements avaient donné l'avantage à Marine Le Pen au premier tour.

Le futur locataire de l'Élysée a bénéficié d'un bon report des voix à Marseille, ville qui avait placé Jean-Luc Mélenchon en tête du premier tour, où il s'impose dans les 16 arrondissements de la deuxième ville de France. Il s'impose également sur les terres de la députée frontiste Marion Maréchal-Le Pen à Carpentras (53,68 %), ainsi qu'à Avignon, avec 65 % des suffrages exprimés, et résiste bien à l'extrême droite dans ses fiefs d'Orange et de Bollène.

Dans le Var, où le FN gère plusieurs municipalités, Emmanuel Macron devance de peu Marine Le Pen (50,85 % contre 49,15 %). Cette dernière conforte notamment son emprise sur les communes autour de Fréjus, ville qui avait été enlevée aux municipales par son directeur de campagne, le sénateur-maire David Rachline.

Les Alpes-Maritimes enfin sont coupées en deux avec l'arrière-pays qui s'est porté sur la candidate frontiste tandis que la Côte d'Azur et Nice, portées par l'engagement de l'ancien maire LR Christian Estrosi, ont clairement choisi Emmanuel Macron.

Ce dernier s'adjuge une autre région surprise : Bourgogne-Franche-Comté, où il décroche 60,48 % des suffrages, alors que la candidate du FN était arrivée en tête au premier tour (25,09 % des voix contre 21,89 % pour le leader d'En Marche !)

  • Emmanuel Macron, le président des villes

Le huitième président de la Ve République s'est largement imposé dans les grandes villes : Il a été plébiscité à Paris en frisant les 90 % (89,68 %) des voix, et tout particulièrement dans le 3e arrondissement où il culmine à 93,41 %. Emmanuel Macron obtient également un de ses meilleurs scores à Bordeaux (86 %) et à Lyon (84,11 %), ville dont le sénateur-maire PS, Gérard Collomb, a été l'un de ses premiers soutiens, ainsi qu'à Grenoble (82,67 %).

  • Les Outre-mer, la Corse et les banlieues abstentionnistes

Si l'Outre-mer a placé Emmanuel Macron en tête, il faut toutefois tenir compte de l'abstention qui bat des records : 64,66 % à Saint-Barthélemy et Saint-Martin, 58,07 % en Guyane, 54,25 % à Mayotte, 53,11 % en Polynésie française (987) et 50,77 % en Guadeloupe. La mobilisation était pourtant plus importante qu'au premier tour. 

Sur l'île de Beauté, où Emmanuel Macron a obtenu 51,48 % des suffrages, le taux d'abstention s'élève à 35,98 %, soit 12 points de plus qu'en 2012 et 10 de plus que la moyenne hexagonale.

Autre zone géographique où les électeurs se sont peu déplacés : la banlieue. En Seine-Saint-Denis, notamment, 32,49 % des électeurs ne sont pas allés voter pour ce second tour.