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L'historique médical au cœur de la bataille contre l'Obamacare

Le vote en faveur du texte abrogeant le dispositif de santé Obamacare à la Chambre des représentants relance le débat sur les "conditions préexistantes", soit l’historique médical, qui ont longtemps exclu des millions d’Américains d’une assurance.

Santé ! Le président américain, Donald Trump, a célébré, jeudi 4 mai, l’adoption, par la Chambre des représentants, de l’American Health Care Act (AHCA) pour remplacer l’Obamacare, la loi sur les soins abordables du précédent locataire de la Maison Blanche.

“Obamacare est mort et enterré”, a affirmé un Donald Trump tout sourire après le vote. Il est pourtant encore un peu tôt pour écrire l’éloge funéraire. Le Sénat doit encore donner son feu vert. Et l’opposition à l’AHCA devrait y être plus féroce, prévient la chaîne CBS.

L'historique médical au cœur de la bataille contre l'Obamacare

Faux-nez

La principale bataille va tourner autour des conditions préexistantes. L’Obamacare avait posé comme principe qu’une couverture médicale de base ne pouvait être refusée quel que soit l'historique médical. Le projet promu par Donald Trump est bien plus ambigu à ce sujet. À tel point que de nombreux commentateurs estiment que si l’AHCA passe l’obstacle du Sénat, les primes d’assurance pour les Américains souffrant de “conditions préexistantes” atteindront des niveaux stratosphériques.

La Maison Blanche répète sur tous les tons que ces accusations sont infondées, et qu'un amendement dans le texte protège, justement, contre les abus. C’est vrai : “Rien dans cette loi ne peut permettre aux assureurs de limiter l’accès à une couverture santé pour des individus avec des conditions préexistantes”, est-il écrit dans le document.

Mais les détracteurs de l’AHCA qualifient cette disposition de faux-nez. Le même amendement confère, en effet, aux États la possibilité de déroger à certaines dispositions de l’Obamacare comme… celle sur les conditions préexistantes.

Une telle liberté d'action accordée aux États pourrait affecter des millions de citoyens car plus d’un Américain sur quatre est considéré comme atteint d’une “condition préexistante” par les compagnies d’assurance. Ces dernières ont tendance à imposer des primes pour cette raison plus vite que leur ombre.

Victimes de viols pénalisées

Le site économique Quartz souligne d'ailleurs que l’AHCA risque de transformer le fait “d’être une femme presque en condition préexistante”. En effet, la moindre césarienne constitue une condition préexistante, car elle augmenterait le risque de complication de santé par la suite. Les “règles irrégulières” pourraient aussi être considérées comme telle, avertit la Kaiser Family Foundation, un cercle de réflexion libéral. Au Texas, des compagnies d’assurance considéraient que les agressions sexuelles ou les violences domestiques, dont les victimes sont majoritairement des femmes, entraient dans cette catégorie ! Deux "conditions" qui risquaient d'entraîner des soins médicaux pour des troubles psychologiques comme la dépression.

Il est préférable de ne pas avoir subi d’acné sévère pendant son adolescence, de ne pas être sujet à des migraines récurrentes ou encore des vertiges. Plusieurs instituts ont dressé des listes noires d’une quarantaine de “conditions” à éviter si on veut échapper à des primes d’assurance.

Des sommes en surplus qui peuvent s'élever à 25 000 dollars par an, a calculé l’AARP, un lobby américain qui défend les droits des personnes âgées. Avant l’adoption de l’Obamacare, un patient atteint de certaines formes de cancer devait s’acquitter d’une prime de plus de 4000 %.

L’AHCA pourrait donc assécher le portefeuille de bons nombre de citoyens américains. D’où l’insistance de Donald Trump : lui, ne touchera pas aux règles de l’Obamacare sur cette question. Mais sa décision de faire porter le chapeau aux gouverneurs n’est pas sans risques. Les États gouvernés par des démocrates sont susceptibles de maintenir le statu quo, tandis que ceux entre les mains des républicains pourraient tirer un trait sur cette protection. Conséquence : il vaut mieux être malade dans un État démocrate que républicain. À plus ou moins long terme, les patients concernés iraient se faire soigner dans les États démocrates, grévant leur budget à cause du coût de la prise en charge médicale. Les républicains resteraient, quant à eux, entre gens riches et en bonne santé.