
Au menu de cette revue de presse française du jeudi 4 mai : les commentaires sur le débat musclé qui a opposé, hier soir, les deux finalistes de la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Le + : Recevez tous les matins la Revue de presse de France 24 sur votre iPhone ou sur tout autre mobile. Et également toujours sur votre PC en devenant fan sur Facebook…
La presse française titre sur le débat qui a opposé, hier soir, les deux finalistes de la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Soit 2h30 d’échanges musclés.
«Une atmosphère de ring de boxe», selon 20 minutes, qui évoque un duel «à couteaux tirés», un débat «difficile à suivre, tant les deux adversaires ont échangé des uppercuts». «Football américain à la télé», résume le dessin de Ranson pour Le Parisien, qui montre Marine Le Pen rugissante et menaçante, et Emmanuel Macron qui lui demande : «Calme toi, calme toi».
Un «pugilat», confirme le Huffington Post, pour qui la candidate du Front national aurait «pris le parti de piétiner tout ce qui était attendu d’un aspirant à la magistrature suprême : vision, dignité, capacité à rassembler sur son projet». «De débat, il n’y en a pas eu, car pour débattre, encore faut-il être deux», cingle le site. Les invectives, caricatures, familiarités de tripot, clowneries et approximations en pagaille de la candidate, n’auraient «masqué qu’un temps sa difficulté à défendre sa proposition sur le fond», selon le Huffington Post, dont l’analyse est identique à celle de Libération. «Basse du front», titre le journal, qui voit dans les «agressions» et les «invectives démagogiques» de Marine Le Pen une tentative pour «éviter de débattre sur le fond». «Dans la cacophonie ambiante, il n’est pas certain que l’un et l’autre soit parvenu à se faire entendre. Ni que la démocratie en soit sortie grandie», regrette Le Monde, qui rappelle qu’en 2002, Jacques Chirac, avait refusé le débat de l’entre-deux tours face à Jean-Marie Le Pen au motif qu’«on ne débat pas avec l’extrême droite». Quinze ans plus tard, Marine Le Pen «s’est imposée sur la scène télévisuelle et dans l’arène démocratique et Emmanuel Macron n’a pas envisagé un instant de refuser de discuter avec elle», relève le journal.
Lequel des deux candidats a-t-il été jugé le plus convaincant? Sans se prononcer, Le Parisien se réjouit que «les profondes divergences» entre les deux projets, que ce soit sur le plan économique, sécuritaire ou sur l’Europe, «aient pu être exposées» et que l’un comme l’autre ait su faire preuve de «pédagogie». Quant au Figaro, il voit lui aussi dans le duel d’hier soir l’opposition de «deux visions profondément différentes de la France et de l’Europe», l’opposition de «deux France», et explique que Marine Le Pen et Emmanuel Macron «n’ont pas joué la même partition». La première s'est posée en «candidate de l’indignation» ; le second, en «candidat des solutions», confrontant «deux logiques qui ne s’adressaient pas aux mêmes électeurs», selon Le Figaro. Le quotidien estime que le débat d’hier soir a «peut-être permis à chacun de consolider le noyau dur de leurs soutiens», «mais (il aura) sans doute laissé perplexe la masse des indécis». «Comme dans un match de tennis entre deux cogneurs, les finalistes de la présidentielle se sont renvoyé la balle durant plus de deux heures, toujours au même endroit, sans jamais conclure ou marquer ces points spectaculaires qui suscitent l’admiration». Le Figaro résume : «Pour Marine Le Pen, Macron, c’est l’héritage du quinquennat Hollande, donc le responsable de ses échecs. Pour Emmanuel Macron, Le Pen, c’est l’absence de propositions et l’abondance de mensonges». Et les téléspectateurs, eux, qu’en ont-ils pensé? Selon le sondage de nos confrères de BFM TV, relayé par le Huffington Post, le candidat d’En Marche! aurait été jugé plus convaincant par 63 % des personnes interrogées, que celle du Front national, 34 %.
Marine Le Pen peut toutefois compter sur un Front républicain plus divisé qu’il y a 15 ans. «Front anti-FN en miettes, ça craque de partout !», s’alarme L’Opinion, qui montre Emmanuel Macron en prince charmant, tentant de réveiller la princesse républicaine sous l’œil de la sorcière Marine Le Pen. Le journal, qui évoque des «fractures difficiles à réduire», revient notamment sur les divisions qui sont apparues ces dernières semaines au sein de l’Église. Alors que la Conférence des évêques de France refuse de prendre parti, les fidèles, eux, affichent des opinions divergentes, rappelle le journal La Croix, qui a pour sa part choisi son camp : celui d’Emmanuel Macron. Profitant de la brèche, Marine Le Pen tente de courtiser l’électorat catholique. L’Opinion évoque ainsi la «surprenante œillade» de la patronne du FN à la Manif pour tous, dont elle a repris à son compte l’un des slogans : «Dans la filiation, il y a toujours un père, une mère, un enfant».
Le FN pourrait malgré tout se heurter au plafond de verre lors des prochaines législatives. C’est ce que laisse présager ce sondage des Échos, annonçant que le Front national pourrait recueillir moins de 25 députés, tandis que la gauche serait laminée. La droite aurait entre 200 et 210 sièges, tandis que le mouvement En Marche! décrocherait entre 249 et 286 députés sur 577. Une Berezina annoncée de la gauche, donc, que ne commente pas François Hollande, invité par L’Obs à se confier sur ses derniers jours à l’Élysée. É voquant son impopularité, le président avoue : «Je reconnais que j'ai été un président impopulaire, mais, enfin, je n'ai pas été haï. Mitterrand a pu être impopulaire et haï. Sarkozy a pu être populaire et haï. Moi, j'ai été très tôt impopulaire, et cela m'a atteint, contrairement à ce que l'on prétend, mais cela ne m'a jamais empêché de gouverner et, surtout, je n'ai pas senti de grande hostilité contre moi, sauf à la période du Mariage pour tous. Aujourd'hui, je suis à deux doigts d'être aimé !».
Retrouvez tous les matins sur France 24 la Revue de presse française (du lundi au vendredi, 6h23-7h10-10h40 heure de Paris) et la Revue de presse internationale (du lundi au vendredi à 9h10 et 13h10). Suivez également tous les week-ends en multidiffusion la Revue des Hebdos.