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L'UE et la Turquie s'apprêtent à lancer le projet Nabucco

Bulgarie, Roumanie, Autriche, Hongrie et Turquie doivent signer un accord sur le projet de construction de Nabucco, un gazoduc de 3 300 kilomètres qui permettrait aux Vingt-Sept de réduire leur dépendance vis-à-vis du gaz russe.

AFP - Un accord entre les cinq pays impliqués dans le projet de gazoduc Nabucco doit être signé lundi à Ankara mais d'importants problèmes subsistent pour sa réalisation, attendue avec impatience par les Européens pour réduire leur dépendance du gaz russe.

Des représentants de Bulgarie, Roumanie, Autriche, Hongrie et de Turquie doivent signer l'accord.

Le représentant du secrétaire d'Etat américain pour l'Energie, Richard Morningstar, et le président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso doivent être de la partie.

Le projet Nabucco prévoit la construction d'un gazoduc pour transporter graduellement jusqu'à 31 milliards de m3 de gaz par an en provenance d'Asie centrale notamment vers l'Union européenne, en passant par la Turquie et le sud-est de l'Europe. Nabucco, lancé en 2002, devrait entrer en service en 2014. Son coût est estimé à 7,9 milliards d'euros. Mais avec la crise financière globale, trouver de l'argent pour un projet aussi ambitieux reste une tâche ardue, estiment les spécialistes.

"Si l'argent est trouvé, même avec un peu de retard, il restera encore à résoudre le plus grand problème: l'approvisionnement" en gaz du conduit de 3.300 km de long, indique Necdet Pamir, spécialiste turc des affaires énergétiques. Les Européens attendent toujours l'accord de pays clés comme le Turkménistan, le Kazakhstan et l'Ouzbékistan. Des responsables azerbaïdjanais, turkmènes, syriens et égyptiens sont attendus à la cérémonie lundi, selon une source diplomatique turque.

"Sans eux, l'Azerbaïdjan sera le plus grand pays fournisseur, mais celui-ci n'a pas assez de gaz pour remplir le gazoduc", explique M. Pamir, qui, après un décompte des exportations actuelles de ce pays depuis ses champs gaziers de Shakh Deniz, estime à environ 4 milliards de m3 par an le volume qu'il pourra fournir dans un premier temps.

Bakou et Moscou viennent de signer récemment un accord pour l'achat de gaz azéri à partir de 2010 mais, affirme Ankara, celui-ci ne devrait pas affecter le projet Nabucco.

A l'issue d'entretiens avec le ministre turc de l'Energie Taner Yildiz, vendredi à Istanbul, le président de la compagnie pétrolière d'Etat azerbaïdjanaise SOCAR, Rövnag Abdullayev, a assuré que son pays était en mesure d'approvisionner aussi bien le projet Nabucco que la Russie.

"Les ressources de l'Azerbaïdjan sont très importantes, nous avons la capacité pour fournir 31 milliards de m3, ou bien 40, voire même 50", a-t-il affirmé. L'incertitude subsiste également sur le partage du gaz transporté par Nabucco, alors que les Turcs ont négocié dur pendant des mois avec la Commission européenne afin de pouvoir prélever 15% du débit du gazoduc.

"Concernant la question des 15%, les compagnies (impliquées dans le projet, ndlr) ont donné des garanties en termes de sécurité de l'approvisionnement mais elles n'en ont pas donné concernant les prix", a déclaré laconiquement M. Taner vendredi.

La Turquie bénéficiera en tout cas d'importants dividendes fiscaux.

"L'accord prévoit le principe que les taxes seront redistribuées en fonction de la longueur de gazoduc traversant chaque pays", a indiqué un diplomate turc parlant sous le couvert de l'anonymat.

"Comme la Turquie va avoir près de 2.000 des 3.300 km du gazoduc sur son territoire, elle va recevoir 60% des revenus des taxes, soit environ 400 à 450 millions d'euros par an" (558 à 628 millions de dollars), a ajouté cette source.

Le projet Nabucco est en concurrence avec un autre projet de gazoduc, South Stream, développé par le géant russe Gazprom et l'italien ENI qui doit relier la Russie à la Bulgarie, par la Mer noire.