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Berlin souffle, Moscou s'inquiète : réactions de la presse internationale

De Berlin à Moscou, la presse étrangère a largement commenté le résultat du premier tour de la présidentielle française. Entre enthousiasme et inquiétudes, tour d'horizon des principales réactions internationales.

"Prise de la Bastille", "révolte", "tremblement de terre", la presse internationale a largement commenté dimanche 23 avril les résultats du premier tour de la présidentielle française. Si nombre de journaux internationaux ont salué la qualification d'Emmanuel Macron, certains estiment néanmoins que la présence de la candidate d'extrême droite Marine Le Pen au second tour le 7 mai représente "une menace".

En Allemagne, la presse s'est réjouie à l'unisson au sujet de l'ancien ministre de l'Économie. Bild, le quotidien le plus lu Outre-Rhin, ne tarit pas d'éloge sur la première victoire remportée par le candidat Macron. "Quel duel ! Un homme contre une femme, le libéralisme de gauche contre l'ultra droite, l'espoir contre le repli, plus d'Europe contre le moins possible, un ami de l'Allemagne contre une germanophobe".

Pour Sputnik, le site russe, la campagne "sent mauvais"

Pour le magazine de centre-gauche Der Spiegel, le succès du centriste est "une gifle retentissante pour l'establishment politique. Sa qualification au second tour a balayé, au moins provisoirement, des institutions politiques de longue date, les gaullistes conservateurs des Républicains, tout comme les socialistes au pouvoir [du président] François Hollande".

Seul le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung s'est montré plus réservé. Dans un article intitulé "La France déchirée", le journal analyse ce premier tour français : "Plus de 40 % des Français ont voté pour des candidats à droite toute, ou à gauche toute. La victoire de Macron est tellement étroite que lors des deux présidentielles précédentes [2007 et 2012], il ne serait pas arrivé au second tour".

À Moscou, la qualification de Macron ne suscite pas le même enthousiasme. Sur son site Internet, Sputnik affirme même que la campagne française "sent mauvais", notamment en raison de la présence de Macron au second tour. "Ce que les électeurs rejettent dans leur grande majorité n'est autre que le bilan de François Hollande, dont Emmanuel Macron s'avère être l'héritier". Les journalistes du site Russia Today se plaignent même quant à eux d'avoir été volontairement écarté du QG de campagne par l'équipe du candidat victorieux.  

Vu du Royaume-Uni, ce scrutin a des airs de révolution. Le Guardian de Londres, "la prise de la Bastille a mis la barre très haut. Aussi, peu d'expressions doivent-elles être utilisées avec plus de circonspection que "Révolution française". Mais le résultat d'hier est une vraie révolte politique. Pour la première fois depuis presque soixante ans de Ve République, le second tour opposera deux outsiders".

The Guardian c'est @EmmanuelMacron contre @MLP_officiel https://t.co/pQOu1VDwKg pic.twitter.com/2EMqoEyjfq

— Anthony Bellanger (@a_bellanger) 24 avril 2017

La BBC est quant à elle revenue sur le parcours atypique d’Emmanuel Macron qui a su "capter l’air du temps [et trouver un] réservoir de sympathisants parmi les jeunes, ceux ayant perdu leurs illusions, mais restés optimistes, et les anticyniques."

El País - Espagne : @EmmanuelMacron #recoit le soutien de ses rivaux face à @MLP_officiel https://t.co/dU0i7aa0Jr pic.twitter.com/ah0s0K2hHN

— Anthony Bellanger (@a_bellanger) 24 avril 2017

Un enthousiasme partagé en Espagne, par le quotidien El País qui évoque "l’espoir Macron", alors qu’a sonné "l’heure des insurgés du centre" en réponse aux populismes. Ce ne serait pas la démocratie qui est en crise, analyse le quotidien, mais les partis traditionnels. "Le succès du centriste est une grande nouvelle pour la France et l’Europe", peut-on lire dans un éditorial.

Corriere della Sera - Italie : La course macron le pen https://t.co/wOtdZwMBuv pic.twitter.com/qnEZKMqgTE

— Anthony Bellanger (@a_bellanger) 24 avril 2017

Inquiétudes en Italie pour le Corriere della Serra qui s’interroge déjà sur la suite avec les élections législatives. Si le score d’Emmanuel Macron est "un signe de renouveau et de la confiance dans un projet européen (…), le contexte n’autorise pas l’enthousiasme et les jours à venir seront incertains".

Du côté de la presse francophone, le quotidien belge Le Soir estime dans un éditorial publié sur son site que les Français "ont fait leur révolution, balayant, à la Trump, les partis et les hommes politiques traditionnels, de gauche comme de droite, pour mettre face à face deux personnalités hors système".

En Suisse, Le Temps, reprenant le terme de "nouvelle frontière" utilisé par l'ancien président américain John Fitzgerald Kennedy, espère la victoire d'Emmanuel Macron : "Ce jeune président de même pas 40 ans peut donner une nouvelle frontière à la France et améliorer le sort des Français". Mais le quotidien estime qu'"avec le Front national, ce sont les descendants de la France collaborationniste et de l'Algérie française qui se trouvent aux portes du pouvoir".

Le Soir - Belgique en marche vers l'Elysée https://t.co/uh9mrrHOUQ pic.twitter.com/71L5HRhiue

— Anthony Bellanger (@a_bellanger) 24 avril 2017

"Une mauvaise nouvelle pour Moscou"

Outre-Atlantique, le New York Times, qui a tenu ses internautes en haleine autour d’un live tout au long de la journée, a qualifié le résultat de "rejet retentissant des partis traditionnels, plaçant le pays sur un chemin incertain à un moment critique où l’élection française pourrait aussi décider de l’avenir de l’Union européenne", observe le quotidien.

Pour le Washington Post, "fidèle à l'esprit de 1789, la France révolutionnaire est décidément en avance sur tout le monde : elle est devenue le premier grand pays occidental à éliminer la structure politique de centre droit ou gauche qui dominait la vie politique européenne depuis la Seconde Guerre mondiale".

Dans les colonnes du Times, l’issue de ce premier tour est "une bonne nouvelle pour les centristes pro-européens" et "une mauvaise nouvelle pour Moscou" tout en se demandant si l’ancien ministre de l’économie de François Hollande saura gouverner ou "s’il sera un autre président français réformateur à échouer ?"

C’est l’âge d’Emmanuel Macron qui a retenu l’attention du Los Angeles Times. Le journal californien souligne qu’il deviendrait un leader plus jeune encore que Louis-Napoléon Bonaparte (40 ans en 1848).

"Les Français sont surprenants"

De l’incompréhension au Brésil. À Folha de São Paulo, le journaliste explique dans son éditorial son impuissance à comprendre la logique de ce premier tour : "Emmanuel Macron est le produit typique de l'élite et de l'establishment français, et il est tout à la fois : le candidat alchimiste, la fusion des contraires, de droite et de gauche, système et anti-système, la continuité et la rupture, le libéralisme et la protection des plus faibles."

De l’autre côté du globe, en Australie, on s’amuse de cette élection. "Faites confiance aux Français pour rendre les choses compliquées", ironise le quotidien australien le Sydney Morning. "Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle est un tremblement de terre politique qui aboutira très probablement à la victoire du candidat du statu quo. C’est un triomphe pour l’extrême droite qui va montrer qu’elle est toujours fondamentalement incapable d’être élue," poursuit-il.

Au Liban enfin, du lyrisme pour qualifier la victoire d’Emmanuel Macron dans L'Orient le Jour : "Les Français sont rationnels. Les Français sont inventifs. Les Français sont surprenants. Les Français sauront toujours idolâtrer des Louis XIV et guillotiner des Louis XVI. Les Français sont, aussi, pionniers. Aujourd'hui, c'est la structure, c'est l'identité, c'est l'ADN de cette France, lionne superbe et généreuse, hugolienne comme rarement, dont il s'agit. De l'ouverture aux mondes contre la bunkérisation. De la force tranquille contre l'hystérie. C'est surtout de ce nouvel ingrédient qu'Emmanuel Macron a ressuscité dont il s'agit : l'audace."