logo

Score "historique" pour le Front national de Marine Le Pen

Si le Front national n’est pas "le premier parti de France" comme l’espérait Marine Le Pen, il poursuit sa progression. Avec plus de 7,5 millions de voix au premier tour de la présidentielle, le record historique du FN à une élection a été battu.

"Historique." C’est le mot choisi par Marine Le Pen, dimanche 23 avril, pour qualifier les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. En se qualifiant pour le second tour avec 21,43 % des suffrages, une "première étape est franchie", a-t-elle dit. Mais la candidate frontiste sait que l’essentiel est ailleurs. Avec plus de 7,5 millions de suffrages, le Front national a en effet établi son nouveau record historique à une élection, effaçant son précédent record de 6,8 millions de voix lors des régionales de 2015 et démontrant une fois de plus qu’il ne cesse de progresser.

Les critiques pourront toujours souligner qu’elle n’est pas arrivée en tête du premier tour et qu’elle ne peut plus revendiquer pour le FN le titre non officiel de "premier parti de France". Ils pourront également rappeler qu’elle a mené une campagne en demi-teinte. Mais l’analyse des résultats est sans appel : en cinq ans, Marine Le Pen a gagné plus d’un million de voix par rapport au premier tour de la présidentielle de 2012 et, contrairement à la qualification pour le second tour de son père Jean-Marie en 2002, la sienne est tout sauf une surprise.

La candidate FN a en effet su capitaliser sur le difficile quinquennat de François Hollande : le terrorisme, avec 239 morts depuis janvier 2015 dans une série d'attaques jihadistes, dont la dernière a tué un policier jeudi dernier sur les Champs-Élysées ; la croissance en berne et un chômage fort ; la déliquescence des deux grands partis de gouvernement, le Parti socialiste et Les Républicains.

La ligne Philippot confortée au sein du FN

De fait, tous les sondages depuis quatre ans donnaient Marine Le Pen présente au second tour de la présidentielle. Et les bons résultats électoraux engrangés par le Front national lors des élections municipales et européennes de 2014 puis, dans une moindre mesure, aux élections régionales de 2015, avaient également conforté l’idée que le paysage politique français avait basculé dans le tripartisme. Doucement mais sûrement, le Front national tisse sa toile.

Le nouveau record de voix établi dimanche soir devrait conforter un peu plus Florian Philippot. C’est une nouvelle confirmation du succès de sa stratégie de dédiabolisation du Front national et de la ligne souverainiste mise en place après la prise de contrôle du parti par Marine Le Pen en 2011. Alors que les tenants de la ligne identitaire avaient parfois haussé le ton ces dernières semaines, le duel de l’entre-deux-tours qui s’annonce face à Emmanuel Macron devrait permettre à la candidate frontiste de jouer la carte du peuple contre les élites, des perdants de la mondialisation contre ses gagnants.

Les Français devront choisir entre "une dérégulation totale, sans frontières et sans protections" et "la France, des frontières qui protègent nos emplois, notre pouvoir d'achat, notre sécurité, notre identité nationale", a ainsi affirmé Marine Le Pen dimanche soir.