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Facebook et l'écriture par la pensée : entre effet d'annonce et soft power

En évoquant son projet de connexion du cerveau à la machine, Facebook montre qu'en matière de com', "annoncer, c'est déjà faire". Une technique de soft power qui permet au géant de la tech de se positionner comme acteur incontournable du futur.

Créer un système qui permettra aux utilisateurs de taper sur le clavier directement grâce à leur cerveau. C’est le nouveau projet annoncé par Facebook lors de sa conférence annuelle F8, dont la dernière journée s’est déroulée le mercredi 19 avril. L’équipe de Building 8 – le laboratoire très secret de Facebook – travaille actuellement sur cette nouvelle technique qui pourrait permettre de taper silencieusement 100 mots par minutes.

"Et si vous pouviez écrire directement grâce à votre cerveau ? Ça a l’air impossible, mais nous en sommes plus proche que vous ne le pensez", annonçait Regina Dugan lors de son discours au F8. Et la vice-présidente en charge de l'ingénierie de Facebook de lancer alors la vidéo d’une personne incapable de parler mais bientôt en mesure de taper quelques lettres sur une tablette digitale grâce à une puce intégrée à son cerveau.

Vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué ?

Devant l'emballement de la Sillicon Valley pour l'idée d'humain augmenté, il n'est pas surprenant qu'une machine de guerre comme Facebook souhaite également se montrer présent dans cette nouvelle course à la nanobiotechnologie. Ainsi, même à l'état de vague prototype, le projet de Mark Zuckerberg a déjà été présenté au public. Une façon pour le géant de la tech de s'imposer dans la conversation publique.

"Bomber le torse pour ne pas avoir l'air de se faire doubler par ses pairs"

Il faut dire que la concurrence est un terrain qui ne s'embarrasse pas de courtoisie. Or, depuis un moment, plusieurs acteurs de la tech se sont déjà lancés dans le développement de ce type de technologie. En 2016, l’entrepreneur Bryan Johnson a investit 100 millions de dollars dans la création de l’entreprise Kernel, une startup dont le but final est d’augmenter l’intelligence humaine en intégrant des technologies à l’homme. Au début du mois de mars dernier, Elon Musk annonçait la création de sa nouvelle entreprise : Neuralink, qui cherche également à développer les interfaces cerveau machine. Selon son créateur, le but de l’entreprise est de faire en sorte que les hommes restent en haut de la chaîne alimentaire face au développement de l’intelligence artificielle dans les années à venir.

Il était donc urgent pour Facebook de ne pas se laisser dépasser médiatiquement. Avec Building 8, son nouveau labo de recherche et développement créé il y a six mois, l'entreprise de Mark Zuckerberg compte bien avoir son mot à dire en matière d’interface neuronale directe, autrement dit ce support de communication directe entre un cerveau et un dispositif externe électronique, comme un ordinateur ou un smartphone. En attendant, vu de loin, l'annonce de Facebook ressemble davantage à une stratégie de communication qu'à l'annonce d'une innovation qui a vraiment de quoi naître demain, surtout lorsque l'on sait comme la technologie liée aux cordons neuronaux est encore balbutiante. C'est ce qui s'appelle bomber le torse pour ne pas avoir l'air de se faire doubler par ses pairs, en somme.

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