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Au menu de cette revue de presse française du jeudi 30 mars, les réactions à l’annonce de Manuel Valls qu’il votera en faveur d’Emmanuel Macron dès le premier tour de la présidentielle. À défaut d’être une surprise, cette décision est présentée comme un séisme politique.

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À la une de la presse française ce matin, les réactions à l’annonce de Manuel Valls qu’il votera en faveur d’Emmanuel Macron, dès le premier tour de la présidentielle.
À défaut d’être une surprise, le ralliement de l’ex-Premier ministre socialiste au candidat d’En Marche! est présenté comme un séisme politique – tout d’abord, parce que l’annonce de Manuel Valls va à l’encontre de son engagement écrit, noir sur blanc, de soutenir le vainqueur de la primaire de la gauche, en l’occurrence son camarade Benoît Hamon. Une décision présentée par Libération comme «un reniement» qui va «dévaluer encore un peu plus la valeur de la parole des hommes politiques», à l’image de François Fillon. Manuel Valls, accuse Libé, c’est «Monsieur Déloyal», «le pivot» transformé en «girouette», « l’apôtre d’une gauche qui pense le réel [devenu] l’homme d’une gauche qui prend le vent». « Fillon le père la vertu n’est qu’un Tartuffe en complet sur mesure. Valls se contredit sans ciller. Le Pen poursuit ses diatribes anticorruption alors que son parti est accusé d’utiliser les mêmes expédients suspects que les membres du 'système'. On attendait un sursaut civique, on ne voit que des loopings politiciens. Après la post-vérité, la post-loyauté. Au bout de la route, un spectre se profile, flou mais menaçant : la post-démocratie».
Libération, toujours, explique que Manuel Valls mise sur «une recomposition à l’Assemblée nationale, dans la foulée d’une présidentielle remportée par Emmanuel Macron, mais sans que celui-ci parvienne à constituer une majorité absolue» - un scénario où Manuel Valls se verrait offrir un rôle de pivot, avec un petit groupe d’une trentaine de députés réformistes, tout en gardant une forme d’indépendance. Un scénario synonyme, toutefois, d’implosion du PS. Est-ce «la fin» du parti socialiste?», s’interroge La Croix – qui parle d’une formation soumise «depuis des années à un grand écart idéologique particulièrement sportif», et à laquelle Manuel Valls aurait «porté un coup fatal», d’un parti où «le débat interne, à défaut d’avoir été mené, conduit aux conclusions qu’imposent de tels déchirements : se séparer». «Valls rallie Macron et plonge le PS dans le chaos», annonce le Figaro, qui évoque une «crise sans doute mortelle pour le parti socialiste», dont la décision de Manuel Valls ne serait «que le révélateur, et aucunement le facteur déclenchant». «Ce n’est pas la «trahison» de Manuel Valls qui plombe la campagne de Benoît Hamon», poursuit le journal, «c’est l’effondrement de la candidature socialiste qui provoque un sauve-qui-peut à gauche dont Emmanuel Macron tire profit».
Le Parisien annonce «une guerre fratricide et idéologique sans précédent» chez les socialistes. Les militants, eux, se disent désemparés. Frédéric, 45 ans, qui a toujours voté socialiste, et que le journal a retrouvé devant la statue de Jean Jaurès, le fondateur du parti socialiste français, à Carmaux, dans l’est de la France, se confie : «Le pauvre, ça fait déjà 5 ans qu’il se retourne dans sa tombe, mais là, c’est le coup de grâce. Valls qui se rallie à Macron, c’est la preuve que le PS est mort. C’est immoral, c’est le déni de nos valeurs». «On n’est pas socialiste par déclaration, mais parce qu’on défend les valeurs qui sont les nôtres», a répété la «mère des 35h», Martine Aubry, qui a ironisé sur le nouveau tandem Valls-Macron: «Qui se ressemble s’assemble».
Qui se rassemble s’assemble peut-être, mais pour le moment, le mariage entre Emmanuel Macron et Manuel Valls est loin d’être officialisé. L’Opinion explique que le soutien de son ex-patron Valls complique la tâche d’Emmanuel Macron, inquiet de voir son mouvement perçu comme trop à gauche désormais. D’où les propos de l’un de ses bras droits, Richard Ferrand, encarté au PS depuis ses 18 ans, lui aussi passé dans le camp d’Emmanuel Macron : «Valls, ce n’est qu’une voix de plus» assure-t-il dans L’Opinion, avant d’ajouter préférer «avoir à justifier l’abondance de soutiens plutôt qu’avoir à comptabiliser, chaque jour, comme M. Fillon ou M. Hamon, les défections». Ce dernier a renouvelé hier ses appels à l’union à Jean-Luc Mélenchon qui lui a opposé une nouvelle fin de non-recevoir, d’après l’Obs, citant la façon dont le candidat de la France insoumise a résumé l’équation socialiste : « Au moment où le parti socialiste est réduit à l'emballage, contenant des matériaux connus et assez explosifs quand on les rapproche, on agite un malheureux candidat que l'on dépouille chaque jour d'une partie de son équipage et, en même temps, on trafique une future majorité de machins, de bidules et de trucs».
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