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Manuel Valls, un soutien encombrant pour Emmanuel Macron

L’annonce du soutien de Manuel Valls à Emmanuel Macron est loin d’être accueillie chaleureusement au QG d’En Marche !. Au contraire, l’actuel favori des sondages pour la présidentielle rappelle qu’il compte renouveler "les visages".

Comment gérer le soutien de l’ancien Premier ministre de François Hollande pour ne pas apparaître comme le candidat du gouvernement sortant ? Après l’annonce de Manuel Valls, mercredi 29 mars, c’est la délicate question que doit gérer le candidat du mouvement En Marche ! à l’élection présidentielle.

Car si la démarche de Manuel Valls fragilise un peu plus la candidature de Benoît Hamon, elle donne également davantage de poids aux attaques de François Fillon et de Marine Le Pen qui accusent depuis plusieurs semaines leur principal concurrent, Emmanuel Macron, d’être le fils spirituel de François Hollande.

Les railleries ont d’ailleurs fusé, mercredi, dans la foulée de la déclaration de Manuel Valls. "Toute l'équipe de François Hollande est autour d'Emmanuel Macron. C'est ce que j'ai toujours dit, Emmanuel Macron, c'est François Hollande", a déclaré François Fillon, interrogé en marge d'une réunion au Conseil supérieur du notariat.

"Décidément, Emmanuel Macron est de plus en plus le vrai candidat du PS…", a commenté Éric Woerth sur Twitter. "Avec le soutien de Valls, les choses sont claires : Macron est l’héritier du hollandisme", a réagi Laurent Wauquiez sur France Info.

"La réalité de la candidature Macron apparaît dès lors au grand jour : c'est une vaste entreprise de recyclage des sortants du système. […] L'arrivée de [Manuel Valls] confirme qu'Emmanuel Macron est devenu un simple rouage dans ce grand plan de sauvetage de la Hollandie", a également écrit Marine Le Pen sur son site de campagne.

Cette avalanche de commentaires négatifs, Emmanuel Macron l’avait anticipée. En convoquant d’urgence une conférence de presse, mardi après-midi, pour souligner le fait qu’il comptait bien imposer, en cas de victoire à la présidentielle, "le renouveau dans la méthode, dans les pratiques, dans l’équipe gouvernementale", il avait déjà tenté de devancer l’annonce de Manuel Valls et les inévitables critiques de la droite.

"L’agenda caché des politiciens, je m’en méfie"

Mais davantage que l’élection présidentielle, c’est bien la recomposition du paysage politique qui se joue en toile de fond, et avec lui, le rôle que pourrait tenir Manuel Valls. Ce dernier, depuis la victoire de Benoît Hamon à la primaire de la gauche, tente de convaincre les parlementaires qui le soutiennent de bâtir au sein du Parti socialiste une "maison des réformistes" qui participerait à la majorité présidentielle d’un Emmanuel Macron devenu président. Une façon pour lui de maintenir en vie son courant au sein du PS et, surtout, d’exister lors du prochain quinquennat.

Sauf que son ancien ministre de l’Économie a bien senti venir la manœuvre. Et sa conférence de presse, mardi après-midi, visait justement à couper court à toute tentative d’accord d’appareil. "L’agenda caché des politiciens, je m’en méfie", a-t-il affirmé, avant d’annoncer que "chacun de [ses] candidats sera investi sous la bannière de la majorité présidentielle et non d'une étiquette ancienne et devra se rattacher politiquement et administrativement à cette majorité". Un revirement important du leader d’En Marche ! qui avait toujours soutenu jusqu’ici que la double appartenance était possible.

"Ce ne sont pas les décisions des uns et des autres qui détermineront la majorité présidentielle ni mon gouvernement. Dans cette campagne qui a beaucoup de soubresauts, il est bon de rester le maître des horloges", a ajouté Emmanuel Macron.

Le message est clair : un député socialiste souhaitant le rejoindre devra quitter le PS s’il souhaite briguer une investiture En Marche ! et seuls les députés élus sous sa bannière feront partie de la majorité présidentielle.

Et s’il fallait encore préciser sa pensée, Emmanuel Macron a prévenu, mercredi matin sur Europe 1 : "Je serai le garant du renouvellement des visages, du renouvellement des pratiques." Difficile d’accueillir plus froidement le soutien de Manuel Valls.