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Une délégation de ministres se rendra en Guyane avant la fin de la semaine

Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a annoncé lundi l'envoi d'une délégation de ministres "avant la fin de semaine" en Guyane. Objectif : désamorcer le mouvement de grève générale illimitée amorcé à quatre semaines de la présidentielle.

"Les solutions ne se construiront pas dans le désordre ni hors du cadre républicain", a déclaré Bernard Cazeneuve, lundi 27 mars, depuis l'hôtel de Matignon. Pour apaiser les tensions en Guyane, le Premier ministre a annoncé qu'"une délégation ministérielle sera(it) sur place avant la fin de la semaine". En tenant à préciser : "Si les conditions du respect - et j'insiste sur ce point - et de l'ordre républicain sont réunies".

Une "grève générale illimitée" a débuté lundi dans ce territoire ultramarin d'Amérique du Sud de plus de 260 000 habitants. Vols annulés et barrages routiers : la collectivité ultra-marine, qui abrite la base spatiale de Kourou, s'apprête à vivre au ralenti à l'appel des 37 syndicats de l'Union des travailleurs guyanais (UTG).

Les protestataires, réunis au sein du collectif "Pour que la Guyane décolle", réclament un plan d'investissement de grande ampleur pour faire face notamment au manque d'équipements publics et à un taux de délinquance élevé. Une mission interministérielle dépêchée samedi sur place par le gouvernement s'est heurtée à une fin de non-recevoir des élus locaux qui réclament la venue d'un membre du gouvernement avant d'entamer toute négociation.

À quatre semaines de l'élection présidentielle, Bernard Cazeneuve appelle à une sortie de crise dans les plus brefs délais. Il a notamment affirmé vouloir signer avec la Guyane un "pacte d'avenir" dans "les meilleurs délais".

Depuis l'arrivée de la mission interministérielle, "une série de réponses concrètes" ont pu être préparées, souligne-t-on à Matignon. Un centre pénitentiaire et un Tribunal
de grande instance seront construits à Saint-Laurent du Maroni et un scanner sera notamment déployé à l'aéroport de Cayenne.

"La Guyane est un territoire de la République française, et dans la République chaque citoyen doit pouvoir bénéficier du soutien et de la solidarité de l'Etat", a dit Bernard Cazeneuve. Dans le même temps, François Hollande a tenu à rappeler que "la première priorité, c'est la lutte contre l'insécurité".

Située à plus de 7 000 km de la métropole, la Guyane est le territoire de France où l'on compte le plus d'homicides - 42 en 2016 - et le taux de chômage (22,3%) y est deux fois plus élevé que la moyenne française.

"C'est la raison pour laquelle j'appelle encore une fois solennellement au dialogue, à la responsabilité et à l'apaisement", a ajouté Bernard Cazeneuve. Il a par ailleurs appelé à ne pas céder "à la démagogie et à l'électoralisme" pour réagir sur les prises de positions de plusieurs candidats à l'Élysée dimanche.

La grève générale - une première depuis le mouvement de 2008 - a conduit Air France et Air Caraïbes à annuler leurs vols et poussé les Etats-Unis à déconseiller tout voyage vers la Guyane à leurs ressortissants.

Avec Reuters