Au lendemain de l’attaque d’une patrouille de l’opération Sentinelle à l’aéroport Orly-Sud, les enquêteurs s’interrogent sur la personnalité et les motivations de l’assaillant abattu par des militaires.
Qui est Ziyed Ben Belgacem et quels motifs l’ont poussé à attaquer samedi une patrouille de militaires à l’aéroport d’Orly, au sud de Paris ? Les enquêteurs cherchaient dimanche 19 mars à comprendre ce qui a pu inciter ce braqueur multirécidiviste de 39 ans, condamné à plusieurs reprises pour des vols et signalé comme radicalisé en prison, à passer à l’acte.
Dimanche soir, les gardes à vue d'un frère et d'un cousin de l'assaillant, qui s'étaient présentés d'eux-mêmes samedi au commissariat, ont été levées, quelques heures après celle du père, laissé libre dès samedi soir, a-t-on appris de source judiciaire.
"Mon fils n'a jamais été un terroriste. Jamais il a fait la prière et il boit. Et sous l'effet de l'alcool et du cannabis, voilà où on arrive", a témoigné son père à la radio Europe 1, à l'issue de sa garde à vue.
L'autopsie de l'assaillant, réalisée dimanche, doit déterminer s'il était sous l'emprise de l'alcool ou de stupéfiants au moment des faits. Les enquêteurs analysent également son téléphone et les éléments recueillis lors d'une perquisition à son domicile. Selon une source proche de l'enquête, le domicile des parents a été perquisitionné et aucun élément intéressant n'a été retrouvé.
Pour le parquet, qui a ouvert une enquête notamment pour tentative d'homicide et d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste, l'agression d'Orly est le terme d'un "parcours violent et destructeur" entamé à 06h55 à Garges-lès-Gonesse, dans la banlieue nord de Paris.
Perquisition administrative en 2015
Arrêté à un contrôle routier, Ziyed Ben Belgacem tire au revolver à grenailles sur des policiers, en blessant légèrement un à la tête, et prend la fuite. L'homme réapparaît ensuite à une trentaine de kilomètres de là, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) dans la banlieue sud, où il vole une voiture, avant de gagner l'aéroport d'Orly-Sud.
Pour le procureur, plusieurs éléments désignent Ziyed Ben Belgacem comme un homme dangereux, déterminé "aller au bout de ce processus" mortifère : le choix de la cible, des militaires, "correspond aux mots d'ordre diffusés par les organisations terroristes jihadistes" et le profil de l'assaillant, "repéré comme radicalisé à l'occasion d'un passage en détention au cours des années 2011-2012".
Toutefois, une perquisition administrative menée à son domicile en 2015 dans le cadre de l'état d'urgence n'avait "rien donné".
Pour son père, Ziyed Ben Belgacem a été pris dans un engrenage, a payé ses "fréquentations" et une dérive dans la drogue. Cet homme, sous le choc, a relaté le dernier échange terrible qu'il a eu avec ce fils qui l'appelle depuis l'autoroute parce qu'il a "fait une connerie": "Je lui ai dit ‘non, moi je ne donne pas mon pardon parce que tu as touché à un gendarme’".
Avec AFP