
L'envoyée spéciale des Nations unies pour les droits de l’Homme en Birmanie, Yanghee Lee, a déclaré que les persécutions commises contre la minorité musulmane des Rohingyas étaient des "crimes contre l'humanité".
"Des crimes contre l'humanité caractérisés…" Les mots de l'envoyée spéciale des Nations unies pour les droits de l’Homme en Birmanie sont lapidaires. Devant les caméras de la BBC, Yanghee Kee a déclaré que les violences subies par les Rohingyas, une minorité musulmane de Birmanie étaient des "crimes contre l'humanité [...] commis par les militaires birmans, les garde-frontières, la police et les forces de sécurité". Et d'évoquer une situation "bien pire que ce à quoi elle s'attendait".
Début février, les Nations unies avaient déjà dénoncé une vaste entreprise de répression "généralisée et systématique" menée essentiellement par l'armée à l'encontre des Rohingyas et ayant abouti à un "nettoyage ethnique" et "très probablement" à des crimes contre l'humanité. Aujourd'hui, le conditionnel est balayé.
"Une affaire interne" à la Birmanie
Yanghee Kee n'a pas manqué d'interpeller l'icone de la lutte pour la démocratie, Aung San Suu Kyi, qui a accédé au pouvoir en avril 2016. L'image du prix Nobel de la paix est désormais écornée par sa gestion de la crise des Rohingyas sur laquelle elle garde le silence.
C'est l'un de porte-paroles de son parti, la Ligue de la démocratie, Win Htein, qui a répondu aux critiques de Yanghee Lee. Il a rappelé que la Constitution actuelle ne permettait pas à Aung San Suu Kyi de stopper les exactions de l'armée.
À cause d'une subtilité constitutionnelle, Aung San Suu Kyi n'est pas officiellement présidente mais elle demeure cependant de facto la leader du pays. Et de qualifier ces déclarations sur les "crimes contre l'humanité d'exagérations", précisant que "l'ONU a parfois tort".
"En tant que nouveau gouvernement, nous essayons juste de moderniser le pays. Nous avons des milliers de problèmes", explique-t-il à la BBC. "Ce ne sont pas là des crimes contre l'humanité. Et ce sont des affaires internes, et non internationales."
Si l'envoyée spéciale de l'ONU concède que ce sont les forces militaires qui sont principalement en cause, Yanghee Lee estime tout de même que le gouvernement élu devait aussi prendre sa part de responsabilités : "En fin de compte, c'est le gouvernement, le gouvernement civil [par opposition à celui des militaires, NDLR] qui doit répondre de ces tortures massives et de ces crimes inhumains commis contre ces propres citoyens".
L'envoyée spéciale de l'ONU doit présenter son rapport officiellement le 13 mars 2017 devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.