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Cent trente-six ressortissants turcs détenteurs d'un passeport diplomatique ont demandé l’asile politique en Allemagne depuis le putsch raté de juillet 2016 contre le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.

C’est une annonce qui risque d’envenimer les relations déjà compliquées entre Berlin et Ankara. Les autorités allemandes ont confirmé que 136 ressortissants turcs détenteurs de passeports diplomatiques avaient déposé une demande d’asile politique depuis le putsch raté contre le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan en juillet 2016.

"Le gouvernement ne dispose pas de chiffres détaillés quant au nombre de soldats, fonctionnaires détachés, diplomates et membres de leur famille, (...) cependant le gouvernement fédéral sait que (au total) 136 personnes détentrices de passeports diplomatiques turcs ont fait une demande d'asile", souligne le gouvernement allemand dans une réponse écrite à une question d'un parlementaire écologiste transmise vendredi 24 février à l'AFP.

Ces demandes ont toutes été déposées après le coup d'État raté de juillet qui a amené Ankara à lancer des purges d'ampleur dans tous les secteurs de la société, de l'éducation et la presse à l'armée et la magistrature.

Risque d'exporter le conflit turc en Allemagne

La révélation de ces nombreuses demandes d’asile met les autorités allemandes dans une situation inconfortable. Berlin a critiqué l’ampleur des purges en cours en Turquie, tout en s’efforçant de maintenir de bonnes relations avec Erdogan afin, notamment, de préserver l’accord international qui permet de limiter l'afflux de réfugiés en Europe.

"La pression côté turc est énorme", explique Anne Maillet, correspondante de France 24 à Berlin. "En janvier déjà, le ministère turc de la Défense avait insisté pour que Berlin rejette les demandes d’asile formulées par une quarantaine de militaires turcs de l'Otan", explique la journaliste.

De son côté, Berlin craint que les conflits en Turquie finissent par susciter des troubles parmi la diaspora turque en Allemagne, qui compte plus de trois millions de personnes.

"Les tensions au sein de cette communauté sont très fortes (…) Le gouvernement turc fait activement campagne [pour le référendum constitutionnel du 16 avril concernant le renforcement de pouvoirs de la présidence] sur le territoire allemand pour mobiliser ses sympathisants et ses électeurs, ce qui devrait attiser un peu plus encore les tensions dans les semaines qui viennent", affirme ainsi la correspondante de France 24 en Allemagne.

Avec AFP