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Entre rencontres au sommet et légers remous, Marine Le Pen achève sa visite au Liban

Des rencontres symboliques, une polémique et un incident. La visite de Marine Le Pen au Liban, qui s’achève ce mardi, a connu quelques remous, même si la leader du FN a atteint son objectif en rencontrant le président Michel Aoun.

De passage au pays du Cèdre, où elle poursuit une visite de 48 heures destinée à se doter d'une crédibilité internationale, la présidente du Front national (FN) Marine Le Pen, candidate pour la deuxième fois à la présidentielle française, s’est entretenue lundi avec les deux têtes de l'exécutif libanais.

Si la députée européenne a atteint son principal objectif en rencontrant pour la première fois de sa carrière politique, du moins officiellement, un chef d'État étranger, en la personne du président Michel Aoun, la suite de sa visite a connu quelques légers remous.

Frictions sur le dossier syrien

Ainsi, après son entretien avec Saad Hariri, le Premier ministre et leader de la communauté sunnite du pays, ce dernier a adressé un message à la présidente du FN, qui a fait de la lutte contre le fondamentalisme islamique, et "le terrorisme qui en est la conséquence", un axe de sa campagne. "L'erreur la plus grave serait l'amalgame entre islam et musulmans d'une part et terrorisme d'autre part", a-t-il rappelé à la candidate frontiste dans un communiqué publié à l'issue de la rencontre.

Mais le principal sujet de frictions avec celui qui est l'un des chefs de file du camp libanais hostile au président Bachar al-Assad, concerne surtout la question du soutien au régime de Damas. "J'ai exprimé à Monsieur le Premier ministre l'analyse qui était la mienne […], à savoir que, en l'état, il m'apparaissait n'y avoir aucune solution viable et plausible en dehors de ce choix binaire, qui est Bachar al-Assad d'un côté et l’[organisation] État islamique de l'autre", a-t-elle indiqué.

Sans surprise, ces propos, réitérés dans la presse locale, ont provoqué des réactions mitigées au sein de la classe politique libanaise, qui se divise à la moindre évocation du dossier syrien.

"Les déclarations de Marine Le Pen au Liban sont une insulte envers le peuple libanais et le peuple syrien", a tweeté avec virulence, mardi 21 février, le chef druze Walid Joumblatt, opposant du régime de Damas.

Le chef du parti Kataëb Samy Gemayel a également dénoncé cette prise de position en faveur de Bachar al-Assad. "L'extrémisme annihile les fondements de la civilisation, on ne lutte pas contre lui en soutenant les dictatures mais en soutenant les forces modérées et en diffusant les valeurs de tolérance, de diversité et de démocratie", a glissé le jeune député maronite en recevant la candidate à la présidentielle française.

Incident protocolaire chez le grand mufti de Beyrouth

Cette cascade de réactions a été suivie, mardi, par un incident protocolaire... annoncé.  Son tête-à-tête avec le grand mufti de la capitale libanaise, figure du sunnisme locale, le cheikh Abdellatif Deriane, a été annulé, la présidente du FN ayant refusé de porter le voile, qui lui a été tendu à son arrivée, comme il est de coutume en ce lieu spirituel.

"J'ai indiqué lundi que je ne me voilerais pas. Ils n'ont pas annulé le rendez-vous, j'ai donc cru qu'ils accepteraient que je ne porte pas le voile", a-t-elle expliqué aux journalistes présents sur place. Et d'ajouter : "Vous transmettrez au grand mufti ma considération mais je ne me voilerai pas. On ne me met pas devant le fait accompli".

De son côté, dans un communiqué, l’institution sunnite s’est dite surprise, tout en regrettant le "comportement inapproprié" de la candidate frontiste, qui avait été prévenue à l’avance de la nécessité de se couvrir la tête lors "de sa rencontre avec son éminence [le mufti] selon le protocole".

Marine Le Pen s'est ensuite rendue au siège du patriarcat maronite, à Bkerké, au nord de Beyrouth, pour rencontrer le patriarche de la principale communauté chrétienne du pays, Bechara Raï. À l'issue de l'entrevue, elle a salué la culture libanaise de "modération, créée par les chrétiens et les musulmans".