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Catalogne : ouverture du procès très attendu de l'indépendantiste catalan Artur Mas

Le procès de l'ancien président du gouvernement de Catalogne Artur Mas, jugé pour avoir organisé en 2014 un vote sur l'indépendance interdit par la justice espagnole, s'est ouvert ce lundi à Barcelone.

Le procès très attendu d’Artur Mas, président du gouvernement catalan de 2010 à 2016 et bête noire de Madrid, s’est ouvert ce lundi à Barcelone. Il s'agit du premier grand procès lié à l'organisation en novembre 2014 d'une consultation "illégale" sur l'indépendance de la Catalogne.

Escorté par des milliers de séparatistes catalans manifestant aux cris de "À bas la justice espagnole", Artur Mas a pénétré avec près d'une demi-heure de retard, à 09H26 locales (08H26 GMT) dans la Cour d'appel de Catalogne.

Il comparaît avec deux autres anciens membres de l'exécutif catalan : Joana Ortega, ex-vice-présidente, et Irene Rigau, qui était en charge de l'Éducation.

Consultation jugée illégale

Il leur est reproché d'avoir ignoré la cour constitutionnelle espagnole, qui avait suspendu le 4 novembre 2014 cette consultation jugée illégale par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy à Madrid car elle portait sur un sujet, l'unité de l'Espagne qui devait être débattu par tous les Espagnols.

Passant outre l'arrêt, l'exécutif catalan avait recruté des bénévoles pour l'organisation, via un site internet, réquisitionné lycées et collèges, distribué des bulletins de vote, et mis à disposition 7 000 ordinateurs portables pour la transmission et le décompte des résultats...

Au final 2,3 millions de personnes sur quelque 6 millions d'électeurs potentiels avaient participé, et 80 % d’entre eux avaient voté pour l'indépendance de cette riche région du nord-est de l’Espagne.

Une démonstration de force des indépendantistes réclamant depuis plusieurs années un référendum en bonne et due forme sur le modèle du vote organisé en Écosse en 2014. Mais pour le parquet ce fut un "acte de désobéissance grave" et même de "prévarication", (un délit consistant à agir en connaissance de cause).

Artur Mas risque une interdiction d'exercer une fonction publique et d'occuper un mandat électif pendant dix ans. Ses collaboratrices de même, pendant neuf ans.

Les séparatistes affirment eux qu'en interdisant cette consultation sans effets juridiques la Cour constitutionnelle a porté atteinte à leurs droits fondamentaux, notamment la liberté d'expression, et même à la "démocratie".

"Ce que nous défendons, c'est la cause de la démocratie", a déclaré dimanche Artur Mas, assurant, les yeux embués, que si c'était à refaire, il n'hésiterait pas, et promettant d'aller jusqu'à la Cour européenne des droits de l'Homme pour se défendre.

"Compte à rebours"

La défense de la singularité catalane, une région comptant 7,5 millions d'habitants partageant une langue et une culture propres, est devenu particulièrement intense ces dernières années

Les indépendantistes, majoritaires au parlement régional catalan depuis septembre 2015, assurent que cette année, en septembre au plus tard, ils organiseront un vrai référendum d'autodétermination, avec ou sans l'accord de Madrid. Et ils promettent de faire sécession s'ils l'emportent.

Ce procès pourra servir "d'accélérateur" à la cause, en montrant que le gouvernement bafoue les droits des Catalans, a estimé Artur Mas.

Des dizaines de bus ont été affrétés pour acheminer 40 000 personnes qui manifesteront leur soutien à l’ancien président de la région sur une grande avenue bordée de palmiers située face au tribunal.

De son côté, le gouvernement de Mariano Rajoy admet que la "question catalane" est le plus grave défi qu'affronte l'Espagne en 2017, mais répète sans cesse qu'il ne permettra pas d'atteintes à la légalité. Madrid considère que la Catalogne est gouvernée par une "poignée de séparatistes" qui cachent ainsi la mauvaise gestion et la corruption dans la région

Avec AFP