
Le Burkina Faso et l’Égypte, qui s'affrontent mercredi en demi-finale de la CAN-2017, illustrent à merveille l'évolution du football africain : un foot pragmatique, rigoureux derrière et qui se projette vite vers l'avant.
Qui aurait pu prédire, il y a deux semaines encore, une demi-finale entre le Burkina Faso et l'Égypte ? Après les évictions successives de nombreux favoris de cette CAN-2017, cette affiche entre le finaliste de l'édition 2013 et le septuple champion d'Afrique en titre tombe désormais sous le sens. Elle respire même le football moderne.
À l'image du pragmatisme montré depuis le début du tournoi par le Cameroun et le Ghana, qui s'affrontent dans l'autre moitié de tableau pour une place en finale, les Étalons et les Pharaons ont réalisé de très solides performances à l'heure des matches couperets. Et méritent fort logiquement leur place dans le dernier carré.
Outsiders
Aux abords du stade de Libreville comme sur les réseaux sociaux, les supporters burkinabè chambrent, avec plus ou moins de dérision, les journalistes qui n'avaient pas inclus les Étalons dans leur package de favoris à l'orée de la compétition. Et ils sont, évidemment, une immense majorité car sur le papier, il semblait tout naturel de préférer les 23 Algériens, Sénégalais ou encore Ivoiriens aux sélectionnés de Paolo Duarte.
Trois semaines plus tard, ce sont pourtant les coéquipiers du capitaine Kaboré qui vont jouer, comme en 2013, leur place en finale. La suite naturelle d'un parcours cohérent qui a vu ce collectif monter en puissance. Après avoir maîtrisé le Cameroun en ouverture (1-1), les Étalons ont aussi tenu en respect le Gabon (1-1), hôte du tournoi, avant d'aller chercher leur qualification face à la Guinée-Bissau (2-0).
Danger perpétuel
Cinq points et un parcours aussi discret que sérieux ont permis au Burkina Faso d'avancer masqué jusqu'aux quarts. Et face à la Tunisie, ils ont confirmé un peu plus qu'ils n'étaient pas qu'un bloc compact, mais qu'ils avaient également de nombreux arguments offensifs à faire valoir, surtout lorsque les débats se tendent. Dominés dans le jeu par les Aigles de Carthage, ils ont frappé à deux reprises dans les dix dernières minutes par Bancé puis Nakoulma (2-0). Un chef d’œuvre de réalisme.
Autant dire que l’Égypte est prévenue : face à ces Étalons, il faudra concrétiser rapidement au risque de s'exposer à une bien mauvaise surprise. D'autant qu'outre Bancé et Nakoulma, Paolo Duarte peut aussi compter sur les frères Traoré ou encore Bayala pour dynamiter la défense des Pharaons.
Verrou ultime
Et de la dynamite, il va en falloir dans les jambes pour faire sauter le verrou égyptien. Depuis le début de cette Coupe d'Afrique des nations 2017, les joueurs menés par l'Argentin Hector Raul Cuper ont parfaitement épousé la philosophie de l'ancien entraîneur du FC Valence : un bloc défensif compact et une capacité à se projeter rapidement vers l'avant.
Une faculté à porter l'estocade sur un contre éclair qui a mené cette nouvelle génération de Pharaons jusqu'en demi-finale. À l'image du Burkina Faso, ils ont débuté discrètement leur campagne continentale. Mais après un nul contre le Mali (0-0) et un court succès devant l'Ouganda (1-0), ils sont sortis du bois en punissant un Ghana dominateur mais maladroit (1-0). Et en quarts, les Égyptiens ont récidivé : dominés aux points par le Maroc, ils ont su faire le dos rond et arracher la victoire en contre avant de fermer les vannes (1-0). Résultat : une demi-finale et un gardien vétéran, El Hadary (44 ans), qui n'a toujours pas encaissé de but depuis le début de la compétition.
Alors certes, avec trois petits buts marqués, le front de l'attaque mené par Mohamed Salah peut mieux faire, mais l’Égypte est parvenue à faire sienne une équation de base du football moderne : pour gagner, il faut marquer un but de plus que l'adversaire. Et ce sera une fois encore l'objectif du septuple champion d'Afrique, mercredi 1er février face aux Étalons.