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Le président déchu est attendu à Tegucigalpa

Alors que les nouvelles autorités honduriennes s'isolent chaque jour un peu plus sur la scène internationale, le président destitué Manuel Zelaya a annoncé son retour "pour la mi-journée" à Tegucigalpa, malgré les risques de violences.

AFP - Le Honduras et la communauté internationale attendent le retour de Manuel Zelaya, le président destitué par un coup d'Etat, qui l'a annoncé pour "dimanche à la mi-journée" en dépit d'un risque d'arrestation immédiate et d'un regain de violences.

M. Zelaya a confirmé son intention samedi soir à Washington, devant l'assemblée générale de l'Organisation des Etats américains (OEA) qui a prononcé l'exclusion du Honduras géré par ceux qui l'ont expulsé.

"Je rentre parce que la paix doit revenir", a-t-il dit en réponse aux mises en garde que lui ont été adressées ses adversaires comme ses défenseurs. Il s'est dit "optimiste", soulignant que "tout le monde condamne le coup d'Etat" qui l'a chassé dimanche dernier, et qu'il compte se faire rétablir dans ses fonctions.

M. Zelaya est pourtant sous la menace d'une arrestation immédiate "dès qu'il pose le pied au Honduras", a répété le chef d'Etat désigné après sa destitution, Roberto Micheletti, dans un entretien samedi soir à la chaîne américaine CNN.

M. Zelaya, au pouvoir depuis 2006, a été renversé pour avoir tenté d'organiser une consultation populaire sur la possibilité de briguer un second mandat présidentiel, démarche déclarée illégale par la Cour suprême.

Il compte revenir avec "plusieurs présidents et membres de la communauté internationale". Il s'agirait en principe de la présidente argentine Cristina Kirchner, qui n'avait pas confirmé samedi soir, de son homologue équatorien Rafael Correa et peut-être aussi du président du Paraguay, Fernando Lugo.

A Tegucigalpa, la Conférence épiscopale du Honduras, ouvertement hostile à son projet de prolongation de mandat, lui a demandé de renoncer à rentrer dimanche pour éviter un "bain de sang".

A Washington, il a reçu des mises en garde du secrétaire général de l'OEA, Jose Miguel Insulza, qui fut pourtant le premier à demander d'exclure le gouvernement de ses adversaires, et du président Correa, qui a toutefois maintenu son offre de l'accompagner.

M. Zelaya a appelé ses partisans à l'accueillir "sans armes" et les autorités en place à lui rendre son poste, tout en les qualifiant de "secte criminelle".

Des milliers de ses partisans ont gagné samedi l'aéroport de la capitale, pensant, selon leurs représentants, qu'il arriverait le jour même.

Ils ont rebroussé chemin devant un important cordon de militaires, promettant de revenir dimanche.

"On craint évidemment que cela ne dégénère", a commenté un diplomate étranger encore en poste à Tegucigalpa contrairement à nombre d'ambassadeurs latino-américains et européens, partis en signe de réprobation.

"M. Zelaya n'atterrira peut-être pas à l'aéroport international, peut-être dans la base américaine à 80 km de la capitale", a avancé un de ses confères.

Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, a accusé les militaires de vouloir infiltrer des provocateurs dans les rangs des pro-Zelaya afin de "justifier un bain de sang".

Que M. Zelaya écoute ou non les avertissements, les responsables qui l'ont destitué resteront dans une position de grand isolement sur la scène internationale.

Condamnés par l'ONU, l'OEA et l'Union européenne, ils ont automatiquement été privés de l'essentiel des financements internationaux indispensables à leur pays, où 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Et le président vénézuélien Hugo Chavez a annoncé qu'il leur coupait ses envois de pétrole alors qu'il fournit la grande majorité des carburants consommés au Honduras.

Le maintien en place des autorités "dépendra largement de la réaction de la communauté internationale, elles ne peuvent pas résister à de véritables sanctions économiques", a déclaré à l'AFP Mark Weisbrot, co-directeur du Centre de recherche économique et politique de Washington.

Tags: OEA, Honduras,