
Pendant la courte présidence de JFK, Jackie Kennedy a fait de la Maison Blanche un haut lieu culturel où se croisaient musiciens, danseurs et poètes. Une influence qui imprègne toujours aujourd'hui les murs de la demeure située à Washington.
Le 12 janvier dernier, Bruce Springsteen chantait "Born in the USA" devant quelque 250 employés de la Maison Blanche dans l’aile est de la résidence du président. Un concert acoustique et privé en guise de cadeau de départ de la part de Barack Obama qu'ils avaient côtoyé pendant huit années.
Au fil des deux mandats d'Obama, Kendrick Lamar, Janelle Monaé, Beyoncé et Jay Z ou encore Aretha Franklin ont fait résonner leurs voix dans les couloirs de la Maison Blanche sans que cela ne surprenne plus grand monde. Et pour cause, cela fait des décennies que des artistes proches des présidents successifs sont invités pour des soirées plus ou moins confidentielles à Washington. Pour être précis, cela dure en fait depuis 1961, grâce à John Fitzgerald et Jackie Kennedy.
"Je veux que mon mari soit entouré de gens brillants"
Déjà entouré de célébrités du cinéma et de la musique pendant toute sa campagne présidentielle, John Fitzgerald Kennedy a été le premier président des États-Unis à inviter le tout Hollywood pour des dîners à la Maison Blanche. Et dans l’ombre de John Fitzgerald Kennedy, c’est son épouse, Jacqueline Kennedy, qui a fait de la résidence officielle du couple présidentiel un haut lieu de culture.
Après avoir restauré la Maison Blanche du sol au plafond – allant même jusqu’à récupérer des Cézanne, relégués à la National Gallery par Truman, pour les accrocher aux murs –, Jackie Kennedy fait entrer la musique et le cinéma à Washington. Lorsqu’elle ne regarde pas toute la filmographie de Fellini dans la salle de cinéma de la Maison Blanche, Jackie Kennedy organise des dîners et des rencontres avec des artistes et des intellectuels de tous les pays du monde.
Pablo Casals et André Malraux, VIP à la Maison Blanche
"Je veux que mon mari soit entouré de gens brillants qui l’inspirent et le divertissent des tensions du gouvernement", disait-elle, comme le rapporte Katherine Pancol dans la biographie "Une si belle image" parue en 1994. L’actrice Greta Garbo, le violoncelliste Pablo Casals, les danseurs de ballet Margot Fonteyn et Rudolf Noureev, le violoniste Isaac Stern, le chef d’orchestre Igor Stravinsky, la chanteuse d’opéra Grace Bumbry ou encore l’écrivain et ministre de la Culture français André Malraux font partie des invités réguliers de la Maison Blanche. Des soirées animées qui durent jusque tard dans la nuit au lendemain desquelles Jackie Kennedy reste souvent au lit jusqu’à midi.
"Les Kennedy donnent une vingtaine de grandes réceptions par an" où "des divertissements culturels font suite au repas : Charlotte de Luxembourg a droit à Shakespeare, le roi du Maroc à un digest de la comédie musicale Brigadoon, le président du Porto Rico à un concert de violoncelliste de Pablo Casals", décrit Bertrand Meyer-Stabley dans le livre "Jackie Kennedy : pouvoir et fortune". En avril 1962, Jackie Kennedy réussit même à organiser "un dîner rassemblant tous les prix Nobel du monde occidental" à la Maison Blanche.
Cette vie festive et amusante, qui donna le surnom de Camelot – du nom de la cour du roi Arthur – au court règne de John F. Kennedy, est en partie évoquée dans le biopic intense et décalé "Jackie" de Pablo Larrain porté par Natalie Portman, au cinéma le 1er février.
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