Les modalités d’application de l’accord conclu en RD Congo entre majorité et opposition sont toujours en discussion. Les derniers points de blocage sont le mode de désignation du Premier ministre et la place de la Cenco dans la transition.
En République démocratique du Congo, la majorité présidentielle de Joseph Kabila et la coalition de l’opposition poursuivent leur interminable marathon de négociations. Il s’agit maintenant pour les deux parties de trouver un compromis sur d’ultimes points de désaccords et permettre, enfin, l’application de l’accord historique conclu le 31 décembre, après des semaines d’âpres discussions. L’accord prévoit les modalités de la cogestion du pays jusqu’à l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle, fin 2017, ouvrant la voie à un type de transition inédit dans un pays habitué aux crises de régime.
Autre point de blocage levé, celui relatif à la composition du Conseil national de suivi de l’accord et du processus électoral (CNSA) qui sera chargé de veiller au bon déroulement de la transition. Il sera dirigé par l’opposant historique Étienne Tshisekedi et candidat malheureux aux dernières élections.
Trois noms sinon rien
Mais il est un sujet auquel tous achoppent : le mode de désignation du prochain Premier ministre. Il s’agit du "principal point de blocage", constate l’Abbé Jean-Marie Bomengola, membre de la conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), arbitre des négociations, interrogé par France 24. Selon les termes de l’accord, cette désignation revient à l’opposition, réunie sous la bannière "Le Rassemblement", mais la majorité exige de pouvoir choisir entre trois noms.
Interrogé par France 24, le directeur de cabinet adjoint du président Joseph Kabila, qui reste à la tête de l'État pendant la transition, Jean-Pierre Kambila, est catégorique : "Il est exclu qu’on nous impose un nom." "Le tandem exécutif doit fonctionner pour mener le pays jusqu’aux élections, estime-t-il. Dans quel pays voit-on cela, un premier ministre imposé au président ? Il doit y avoir un minimum d’entente entre les deux".
Dernier point sensible, la place des évêques dans la transition. Le clan Kabila souhaite que la Cenco sorte du processus, arguant du principe de laïcité. "Nous avons fait appel à la Cenco, elle a fait son travail, maintenant, elle doit se retirer", commente Jean Pierre Kambila. "Le contexte est particulier, il nécessite un suivi. Il faut s’assurer que la transition se passe bien. L’Église n’a pas la volonté d’interférer dans la politique du pays, nous n’aurons aucun poste au sein de cette commission, mais ce sera une présence, un accompagnement pour sa bonne mise en œuvre", précise l’Abbé Jean-Marie Bomengola.
"Les amis de la mouvance kabiliste disent que la Cenco a terminé sa mission et doit s’arrêter là. Mais nous disons 'non'. On ne sait pas s’il y aura des problèmes pendant l’exécution de cet accord. Nous pensons que celui qui a mis son bébé au monde, c’est à dire la Cenco, doit l’accompagner, et jouer le rôle de facilitateur et de médiateur, pour que l’exécution se passe sans problème", déclare Martin Fuyulu, membre du Rassemblement de l’opposition, à France 24.
Majorité et opposition doivent une nouvelle fois se retrouver dès la semaine prochaine. Quels compromis chacun sera-t-il prêt à faire pour sortir l’accord du bourbier ? Certains évoquent déjà la possibilité de s’en remettre au peuple, par référendum, en cas de désaccords irréversibles.