Le diorama "Lion attaquant un dromadaire" du musée d’histoire naturelle de Pittsburgh a été ré-exposé au public samedi 28 janvier. Mais sa restauration a révélé quelques surprises...
Les yeux sont exorbités, la bouche béante de peur : le visage de l’homme se débattant sur le diorama "Lion attaquant un dromadaire" – en anglais Arab courier attacked by lions – du taxidermiste français Édouard Verreaux a tout d’un vrai.
Eh bien surprise ! C’est un vrai.
En restaurant l’œuvre du taxidermiste, exposée depuis plus d’un siècle au musée d’histoire naturelle Carnegie à Pittsburgh, les conservateurs se sont rendu compte qu’un crâne d’homme se cachait sous le mannequin de la scène.
"Le mannequin est un vrai mannequin… sauf pour le crâne", a expliqué un des conservateurs du musée, Gretchen Anderson, au journal local Pittsburgh Tribune-Review. "C’est pourquoi son visage est si précis."
Restoration reveals human remains in famous Carnegie diorama "Arab Courier Attacked by Lions" - https://t.co/vQr4aDUzXz pic.twitter.com/JJozPlNxOX
— Donald Gilliland (@drgilliland) 26 janvier 2017
Les responsables du musée savaient que le visage du mannequin de la composition du taxidermiste comportait une vraie dent, sans savoir que le scan complet de l’œuvre leur apprendrait que le reste aussi était vrai.
Au XIXe siècle, on empaillait des hommes
Dévoilée au grand public en 1867 lors de l’exposition universelle de Paris, la composition qui regroupe un dromadaire et deux lions de barbarie empaillés – aujourd’hui disparus à l'état sauvage –, avait été acquise par le musée d’histoire naturelle de Pittsburgh pour 50 dollars à la fin du XIXe siècle.
Le taxidermiste à l’origine de l’œuvre, Édouard Verreaux, était connu pour utiliser des restes humains dans ses compositions. Au milieu du XIXe siècle, exposer les restes de corps humains de personnes noires n’est pas une pratique rare.
À la fin du XXe siècle, certains conservateurs ont pris l’initiative de rendre à leur pays d’origine les ossements concernés. "Le nègre de Banyoles", empaillé par Édouard Verreaux et son frère Jules Verreaux en 1830, avait ainsi été remis au Botswana en 2000.
Le crâne du messager arabe, lui, restera à Pittsburgh. Gretchen Anderson, le conservateur du musée, a expliqué que, son visage étant sculpté directement sur le crâne, l’enlever sans dégrader l’œuvre serait impossible.
"J’ai discuté avec d’autres archéologues et nous pensons qu’il est peu probable que même un test ADN nous donne assez d’informations spécifiques", a expliqué Erin Peters, curatrice au musée de Pittsburgh dans Pittsburgh Tribune-Review. "Nous ne pouvons pas le rapatrier avec les informations que nous avons maintenant mais nous espérons continuer nos recherches, en particulier avec les archives françaises, qui nous ont donné beaucoup de nouvelles informations sur l’histoire du diorama."
Les frères Verreaux auraient même pu "aller dans les catacombes de Paris pour piquer un crâne", rajoute Gretchen Anderson.
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