Empêtré dans l'affaire d'emplois présumés fictifs de son épouse, le candidat de la droite à la présidentielle française veut remobiliser ses troupes lors d'un meeting à Paris. De son côté, le Journal du dimanche fait de nouvelles révélations.
Le candidat de la droite à la présidentielle française, François Fillon, se dit prêt, dans une interview au Journal du dimanche (JDD), à se battre "jusqu'au bout" contre les "forces" qui sont selon lui à l'origine des révélations sur les activités de son épouse et ses rémunérations, dont il conteste les montants parus dans la presse.
Le vainqueur de la primaire de la droite et du centre, qui se présente comme la victime d'une "calomnie" destinée à nuire à sa candidature à la présidentielle, avance par ailleurs des mesures sociales pour contrer les accusations de "brutalité" de la gauche et d'une partie de son camp.
"Comment ne pas considérer qu'il y a des forces qui sont à l'œuvre pour me faire taire et tenter d'affaiblir ma candidature, voire tenter de m'empêcher de me présenter ? […] Quel clan ai-je dérangé ?", dit-il en réponse à une question sur la controverse soulevée cette semaine par Le Canard enchaîné.
"Comment imaginer un seul instant que cette affaire ne soit pas montée de toutes pièces pour m'abattre ? Mais je ne me laisserai pas abattre", poursuit-il. "Je vais me battre de toutes mes forces. Et jusqu'au bout." François Fillon a déclaré vendredi qu'il se retirerait en cas de mise en examen.
Des chèques du Sénat
L'affaire a démarré mardi avec la parution d'un article du Canard enchaîné, dans lequel l'hebdomadaire affirme que Penelope Fillon a été rémunérée au total 500 000 euros brut pendant plusieurs années pour un travail d'attachée parlementaire auprès de son mari puis de son suppléant à l'Assemblée nationale.
Toujours selon le journal satirique, qui dit ne pas avoir trouvé trace de ces activités, la femme de l'ex-Premier ministre a également perçu un total de 100 000 euros brut pendant 20 mois pour une collaboration à La Revue des Deux Mondes, propriété de Marc Ladreit de Lacharrière, ami de l'ex-Premier ministre.
"Les niveaux de rémunération évoqués sont faux. On mélange le brut et le net. Je donnerai tous les éléments aux enquêteurs", déclare François Fillon dans les pages du JDD. Le candidat de la droite dit également avoir remis des pièces, "des bulletins de salaire notamment" à la justice, qui a ouvert mercredi une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits. Une perquisition a eu lieu jeudi dans les locaux parisiens de La Revue des Deux Mondes.
En attendant, une nouvelle affaire pourrait venir se greffer au "Penelopegate". Selon le JDD et Mediapart, François Fillon aurait perçu, en tant que sénateur entre 2005 et 2007, des chèques d'un montant total de quelque 21 000 euros issus de fonds publics censés rémunérer des collaborateurs de sénateurs. Une affaire de détournement de fonds publics pour laquelle six personnes ont déjà été mises en examen. Interrogé par le JDD, un proche de l'intéressé affirme qu'il s'agit d'"une histoire ancienne".
Une "catastrophe"
Éclaboussé par ces révélations successives, François Fillon veut tenter de reprendre la main. Soucieux de relancer une campagne qui patine, l'ancien Premier ministre réunit dimanche ses partisans pour un grand meeting porte de La Villette, à Paris. Plusieurs milliers de personnes sont attendues, au premier rang desquelles son ex-rival Alain Juppé, longtemps favori de la primaire de la droite qu'il a largement battu fin novembre au second tour.
À cette occasion, l'ancien chef du gouvernement compte axer une partie de son discours sur le versant social de son programme. Sa "politique", assure-t-il, "permettra immédiatement d'améliorer les conditions de vie, en particulier des Français les plus modestes". Dans le JDD, il évoque notamment un abattement forfaitaire de l'ordre de 250 euros par an pour les salariés, pour un coût total de six milliards d'euros. Mais pour certains commentateurs, l’affaire des emplois fictifs présumés pourrait rendre son projet inaudible.
"Du point de vue de l'image de marque de François Fillon, cette affaire est une catastrophe, estime à l’AFP le politologue Thomas Guénolé. Il y a en effet une triple rupture : rupture avec le message anti-assistanat, rupture avec la défense de la valeur travail et rupture avec la réputation d'intégrité, tout cela est lourdement discrédité."
Avec AFP et Reuters