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Berlin dépense 22 milliards d’euros pour l'accueil des réfugiés, un investissement presque "remboursé"

L'Allemagne a dépensé 21,7 milliards d’euros en 2016 pour financer l’accueil des réfugiés. Une politique coûteuse qui, pourtant, n’a pas mis les finances de Berlin à mal.

Près de 22 milliards d’euros. C’est la somme que l’Allemagne a dépensé en 2016 pour gérer l’afflux de migrants et réfugiés, a révélé le gouvernement allemand vendredi 27 janvier. C’est la première fois que Berlin chiffre précisément le coût annuel de la politique d’accueil voulue par Angela Merkel et défendue contre vent et marée populiste par la chancelière. Malgré ce coût, Berlin affiche une santé budgétaire à toute épreuve... en partie grâce à l'apport économique des réfugiés.

Les 21,7 milliards d’euros ont aussi bien servi à l’accueil des nouveaux arrivants qu’à l’accompagnement de ceux qui étaient déjà sur le territoire. En 2016, l’Allemagne a accueilli 280 000 personnes cherchant à fuir des zones de conflits, soit près de trois fois moins qu’en 2015 (890 000).

Sept milliards d’euros pour lutter contre les causes de la crise

La plus importante partie de cette somme - 9,3 milliards d’euros - a été versée par l’État aux Länders (les régions) et villes pour organiser les centres d’accueil et apporter les soins de première nécessité aux nouveaux arrivants. Les Länders, et tout particulièrement la Bavière, s’étaient plaints en 2016 d’un manque de soutien financier de Berlin pour faire face à la situation. L'État avait alors décidé d’augmenter de 2,6 milliards d’euros par an sa participation à l’aide pour l’accueil des réfugiés, gérée au niveau local.

Berlin a également beaucoup dépensé : 7,1 milliards d’euros, pour “lutter contre les causes de la crise migratoire”, d’après le document budgétaire qui détaille le coût de cette politique. L’Allemagne a ainsi multiplié par trois son “aide directe aux zones en crise” (Syrie, Afghanistan ou encore Irak) qui s’est établi en 2016 à 1,4 milliard d’euros. Le reste de la somme a servi notamment à soutenir financièrement des ONG qui aident les populations dans les régions en guerre ou dans d’autres pays d’accueil comme la Turquie.

Le volet administratif de la politique migratoire allemande a aussi un coût. Entre les programmes d’intégration - comme les cours d’Allemand -, les frais d’enregistrement des migrants et l’obligation d’engager et de former du personnel spécialisé, les mesures d’accompagnement (simplification administrative, gratuité de certaines démarches), l’État a dépensé 5,3 milliards d’euros.

Six milliards d’excédent budgétaire

La somme peut paraître élevée, d’autant que le gouvernement prévoit une charge financière similaire pour 2017 (22 milliards d’euros), mais elle correspond aux projections effectuées par les principaux instituts économiques allemands dès 2015. L’Institut der Deutschen Wirtschaft (Institut de l’Économie allemande) avait calculé, qu’en 2016, l’accueil des migrants coûterait 22,6 milliards d’euros. Mais, contrairement au gouvernement, elle prédit qu'en 2017, le coût allait fortement augmenter pour atteindre 27 milliards d’euros.

Cette coûteuse politique n’a cependant pas mis les finances allemandes à mal, n’en déplaise aux détracteurs du choix d’Angela Merkel, en faveur de l’accueil des réfugiés. Au contraire : le pays a dégagé un excédent budgétaire de près de six milliards d’euros en 2016, se plait à souligner le gouvernement.

Cette bonne santé budgétaire s’explique par la forte hausse des recettes fiscales, dopée par la croissance… et les conséquences économiques bénéfiques de l’arrivée de plus d’1,5 millions de personnes en Allemagne. “La politique d’accueil peut être considérée comme un immense programme de relance économique”, affirme au quotidien Suddeutsche Zeitung Ferdinand Fichtner, économiste à l’Institut de recherche économique. Hausse de la consommation, dépenses de santé, de loyers et forts investissements dans l’immobilier : pour cet expert “environ 90 % de l’argent dépensé par l’État a ainsi été remboursé”.