
À la suite de la diffusion de l'enquête de l'émission Envoyé Spécial, France Médias Monde (FMM) souhaite que la justice se saisisse des éléments révélés dans le documentaire sur l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon.
Une enquête journalistique diffusée jeudi 26 janvier dans l’émission Envoyé Spécial, sur France 2, relie l'assassinat des deux reporters français de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon en 2013 au Mali, aux négociations complexes ayant abouti à la libération des otages d'Arlit.
Selon ce reportage, une grande confusion a entouré les négociations ayant conduit à la libération des otages Marc Féret, Thierry Dol, Pierre Legrand et Daniel Larribe le 29 octobre 2013, après plus de trois ans de captivité aux mains d'Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique).
Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient à Kidal quelques semaines plus tard pour la préparation d’une journée spéciale prévue sur les antennes de RFI à la veille de l’ouverture des "Assises du Nord Mali" et des élections législatives maliennes. Après la libération des otages d’Arlit, alors qu’ils arrivaient à Kidal, ils ont bien sûr évoqué cet évènement avec leurs interlocuteurs sur place.
Certains témoignages et éléments du reportage de France 2 laissent apparaître des liens entre les opérations ayant mené à la libération des otages d'Arlit et l'assassinat des deux reporters de RFI, filiale du groupe France Médias Monde. Le documentaire révèle, par ailleurs, que des manipulations troublantes auraient été effectuées sur l’ordinateur personnel de Ghislaine Dupont.
"On sait que le 2 novembre, une demi-heure avant l'enlèvement de Ghislaine, quelqu'un s'introduit dans son appartement, les mots de passe sont changés (...), plusieurs données sont volées, et l'ensemble de ses courriels sont supprimés sur cet ordinateur", explique à France 24 Geoffrey Livolsi, journaliste à Envoyé spécial.
Le reportage dévoile la guerre des réseaux que se sont menés les services français en lançant des initiatives parallèles, l'une émergeant de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), l'autre avec l’aval du ministère de la Défense, pour négocier la libération des otages d'Arlit. Il qualifie aussi de "personnage-clé" dans cette affaire le général Benoît Puga, chef d'état-major engagé sous Nicolas Sarkozy et resté en poste sous François Hollande.
Geoffrey Livolsi précise qu'il n'y a eu aucune réaction des autorités françaises et maliennes à la suite du reportage, mais révèle que 24 heures avant la diffusion du documentaire, "la DGSE nous a fait une réponse par écrit, ce qui est très rare et surprenant, expliquant que Pierre-Antoine Lorenzi, reconnu par le ministère de la Défense, et reconnu non officiellement comme le négociateur de la libération de otages d'Arlit, n'avait jamais eu le moindre rôle dans cette négociation (...) et qu'il n'y avait aucun lien à ce stade entre l'affaire des otages d'Arlit et l'assassinat de Ghislaine et Claude".
France Médias Monde, partie civile dans l’enquête sur les circonstances de la mort de ses deux collaborateurs, souhaite que la justice se saisisse de ces éléments et mandate ses avocats afin qu’ils demandent au juge d’instruction de poursuivre les investigations sur ces points.
La direction de France Médias Monde est plus que jamais attachée à ce que la justice établisse la vérité sur l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon afin que les coupables soient arrêtés, jugés et punis.