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Le Caire expulse une vingtaine de Français présumés islamistes

Une vingtaine de Français présumés islamistes ont été expulsés d'Égypte depuis un mois, dans le cadre de l'enquête sur l'attentat du Caire, qui avait fait un mort en février dernier. Aucune charge n'a été retenue contre eux.

AFP - L'Egypte a donné un coup de balai dans les rangs de la communauté musulmane fondamentaliste française au Caire, expulsant en un mois plus d'une vingtaine de présumés extrémistes.

"Une vingtaine de musulmans extrémistes français qui avaient été arrêtés lors de l'enquête sur l'attentat au Caire en février, qui a coûté la vie à une jeune française, ont été peu à peu expulsés", a déclaré à l'AFP un responsable des services de sécurité égyptiens, sous couvert de l'anonymat.

Aucune charge, en relation ou non avec cet acte terroriste, n'a été retenue contre eux, a-t-il précisé. Mais ces Français ont été catalogués comme des extrémistes indésirables en Egypte.

Sur les plus de vingt Français, principalement d'origine maghrébine mais aussi des Français de souche convertis, pris dans cette rafle, seuls quatre à cinq ont été relâchés sans être inquiétés, a précisé la source des services de sécurité.

Les expulsés ne reçoivent pas un ordre formel de quitter le territoire mais sont tenus de déguerpir en France à leurs frais, a-t-on précisé de même source.

L'Egypte avait annoncé fin mai avoir arrêté les membres de la cellule présumée responsable de l'acte terroriste perpétré le 22 février près de Khan al-Khalili, le grand souk du Caire, dans lequel une Française de 17 ans avait péri et 24 autres personnes avaient été blessées.

Parmi les membres égyptiens et étrangers de cette cellule présentée comme affiliée à Al-Qaïda figurait une Française d'origine albanaise, Dodi Hoxha, qui avait été inculpée elle de participation à un acte terroriste.

Interrogé par l'AFP, le consulat de France a seulement indiqué "qu'un certain nombre de Français ont été arrêtés parmi d'autres étrangers" et "qu'ils ont été invités à quitter l'Egypte à leurs frais et sans poursuite judiciaire".

Les autorités consulaires françaises ont pu voir ces personnes, parmi lesquelles quelques femmes, avant leur départ mais pas sur leur lieu de détention. Les deux-tiers d'entre eux n'avaient que des visas de tourisme.

C'est la première fois qu'autant de Français, extrémistes religieux présumés, sont expulsés en une vague, même si les autorités en prient très régulièrement de retourner chez eux.

"On peut estimer en moyenne que quatre sont invités chaque mois, sans poursuite judiciaire, à partir en prenant l'avion du retour", a affirmé à l'AFP une source proche du dossier qui a requis l'anonymat.

En décembre 2006, 11 Français, dont des convertis, et deux Belges, soupçonnés d'avoir cherché à gagner, via l'Egypte, l'Irak pour y mener "le jihad" contre les troupes américaines, avaient été ainsi expulsés.

En quelques années, c'est une vaste communauté française "salafiste", partisans d'un islam rigoriste, de près d'un millier de personnes qui s'est constituée au Caire, résidant notamment dans le quartier de Medinat Nasr.

Les hommes, barbe, calotte et tunique blanche jusqu'aux genoux, et les femmes et fillettes, en voile intégral sombre, le niqab ou burqa, viennent ici apprendre l'arabe et pratiquer plus aisément qu'en France un islam ultra-orthodoxe.

Pour les experts, il existe de tout dans cette communauté fondamentaliste qui croit trouver en Egypte une terre d'élection. Mais seulement une minorité d'entre eux sont des radicaux à tendance jihadiste et tout amalgame doit être évité, selon eux.

Etroitement surveillés par les services de sécurité, peu appréciés par la population, et sans aides sociales, certains finissent par regagner la France au bout de quelques mois ou quelques années.

Mais pour ceux qui seraient désormais tentés de revenir en France, le débat lancé fin juin dans le pays sur le port du voile intégral, signe ostentatoire du courant salafiste, pourrait peser dans la balance.

Alors que des députés vont enquêter pendant six mois sur le port de la burqa, le président Nicolas Sarkozy a déclaré qu'elle n'était "pas la bienvenue sur le territoire de la République".