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En France, le visa humanitaire se développe discrètement

Réclamé depuis de nombreuses années par les associations, le visa humanitaire se développe en France sous la forme d’un "visa pour asile". En 2016, un peu plus de 4 000 ont été délivrés, mais les associations en réclament plus.

C’est une idée défendue depuis longtemps par les associations et évoquée il y a quelques jours par le candidat à la Primaire de la gauche Benoît Hamon. Les visas humanitaires, qui autorisent l’accès d’un pays à une personne dont la vie ou la sécurité est menacée, se sont développés discrètement en France où la législation prévoit un "visa pour asile".

"L’idée fondamentale est de permettre aux personnes de venir dans le pays d’accueil pour demander l’asile, c’est-à-dire avant la reconnaissance de leur statut de réfugié", résume l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans son rapport 2016 sur les perspectives des migrations. À noter cependant que le visa humanitaire ne préjuge pas du statut de réfugié, même si les motifs retenus recoupent largement ceux de l’attribution de l’asile.

#Bordeaux Je ne demanderai pas ses papiers à une personne à terre, meurtrie par la guerre, avant que notre pays l'accueille #VisaHumanitaire pic.twitter.com/Tk805RI2TV

— Benoît Hamon (@benoithamon) 17 janvier 2017

Un "visa pour asile" existe déjà

Le "visa humanitaire" existe déjà dans le cadre des accords Schengen de libre circulation en Europe, mais il est plutôt à "but sanitaire", explique le ministère de l’Intérieur à l’AFP. D’une durée de trois mois, il a été délivré à environ 5 900 personnes en 2016. Mais les visas humanitaires réclamés par les associations sont plutôt des visas de long séjour. Or, huit États membres de l’Union européenne dont la France disposent déjà de ce type de visa, selon une étude du Parlement européen datant de 2014.

"La France est un des pays qui les utilisent le plus", note Jean-Christophe Dumont de l’OCDE, avec la possibilité existante de demander un "visa pour asile". Le ministère de l’Intérieur assure qu'"un usage très important [en] a été fait en Syrie et en Irak dans le cadre de la crise récente", mais au regard du nombre de bénéficiaires potentiels, "il devrait être attribué beaucoup plus généreusement", estime la Cimade, une association d’aide aux migrants. Depuis 2012, 4 200 syriens et 4 700 irakiens depuis 2014 en ont bénéficié, notamment des chrétiens d’Orient.

Avantages et limites du visa humanitaire

"Le premier argument en faveur des visas humanitaires est tout simplement que les gens puissent arriver vivants", souligne Jean-François Dubost d’Amnesty International France, alors que plus de 5 000 personnes sont mortes en 2016 en Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe.

"Des voies légales et sécurisées couperaient aussi l’herbe sous le pied des passeurs", ajoute-t-il. L’ONG Médecins du monde estime de son côté que le visa humanitaire "permettrait de mieux répartir les réfugiés dans l’espace européen", soulageant ainsi les zones de premier accueil.

Mais selon les associations, le visa humanitaire connaît aussi ses limites. Jean-Christophe Dumont rappelle ainsi que le dispositif "nécessite des moyens importants" dans les consulats et que même s’il est un instrument "utile et complémentaire, il n’est pas une solution magique".

Aujourd’hui, les pays de destination "limitent le nombre" de visas ou "sélectionnent les bénéficiaires" pour "s’assurer qu’ils aient de bonne chances d’obtenir le statut de réfugié" une fois arrivée, souligne l’OCDE, qui pointe le risque, sinon, pour le pays d’accueil, d’être "submergé de demandes sans avoir les moyens de les traiter".

Avec AFP