Longtemps présenté comme "le troisième homme" de la primaire de la gauche, Benoît Hamon est désormais au cœur du débat avec ses propositions. Au point de déjouer le duel annoncé entre Manuel Valls et Arnaud Montebourg ?
"Un début de dynamique." Si le ton reste prudent, Alexis Bachelay, porte-parole de Benoît Hamon, peine à cacher sa satisfaction de voir le député des Yvelines se faire une place dans la primaire de la gauche. Et pas celle qui était attendue : "Faire partie des trois candidats de tête, c’était l’objectif initial", reconnaît lui-même le porte-parole du candidat longtemps présenté comme "le troisième homme", derrière Manuel Valls et Arnaud Montebourg. Désormais, Alexis Bachelay parle d’"un effet Hamon" et va jusqu’à évoquer "les ralliements possibles" au second tour à son champion - celui de Peillon, "bien sûr", mais "aussi" celui de Montebourg.
En tenant davantage de meetings que ses concurrents, Benoît Hamon a su créer "un engouement" et a réussi à porter "une alternative", estime Alexis Bachelay. Lors des deux premiers débats télévisés, certaines de ses propositions ont été au cœur des échanges entre les candidats. Lors du premier débat, jeudi 12 janvier, par exemple, toute une séquence a tourné autour de l’une des idées clés de son programme : l’instauration du revenu universel. Au final, si seul Jean-Luc Bennahmias s’est déclaré favorable à sa mise en place, tous les autres candidats l'ont désapprouvée.
Autre idée de Benoît Hamon à s’être invitée lors du second débat : le 49-3 citoyen. Même si l’idée a été raillée par François de Rugy, qui a dénoncé une possibilité pour les lobbies de bloquer un texte, Benoît Hamon est, une nouvelle fois, apparu comme force de proposition.
"La gauche d’après-demain"
En se déclarant favorable sans ambiguïté à la légalisation du cannabis, Benoît Hamon a, par ailleurs, semblé davantage se poser en adversaire de Manuel Valls qu’un Arnaud Montebourg plus ambivalent qui, tout en faisant part de ses réticences sur la légalisation, n’a pas fermé la porte à un débat sur le sujet. Le clivage Valls/Hamon est aussi apparu nettement sur la politique d’accueil des réfugiés : "Nous pouvons accueillir davantage de migrants", a estimé Benoît Hamon, tandis qu’Arnaud Montebourg restait en retrait.
Cette présence fait envisager que Hamon puisse créer une surprise à la Fillon, lui aussi longtemps outsider de la primaire de la droite et du centre. Hamon, le Fillon de la gauche ? "Fillon a fait campagne pour un noyau dur, une droite décomplexée, et maintenant il peine à rassembler son propre camp", relève Jérôme Guedj, porte-parole d'Arnaud Montebourg, qui laisse entendre qu'Hamon, contrairement à Montebourg, peinerait à rassembler au-delà d'une certaine gauche.
Dans le camp Montebourg, on voit en Benoît Hamon "un agitateur utile"… qui agace clairement. "Ses propositions sur le cannabis et le revenu universel sont séduisantes et sympathiques… mais est-ce que c’est avec des idées comme celles-là que l’on va à la présidentielle face à Fillon et Le Pen ?", interroge Jérôme Guedj. "La présidentielle ne peut pas se résumer à une expérimentation."
Et le conseiller départemental de l'Essonne de souligner que, contrairement à "la gauche d’après-demain", Arnaud Montebourg est, lui, "prêt à gouverner dans cent jours". Certains observateurs estiment, en effet, que Benoît Hamon a d’ores et déjà pris acte de la non-qualification de la gauche au second tour de la présidentielle et fait davantage campagne pour prendre la tête du Parti socialiste.