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Primaire de la gauche : les candidats divisés sur les questions des réfugiés et du cannabis

Après un premier débat télévisé très policé, les sept candidats à la primaire de la gauche ont montré, dimanche soir, davantage de divergences, offrant par la même occasion aux téléspectateurs un débat plus animé.

Le premier débat entre les sept candidats à la primaire de la gauche avait été jugé ennuyeux par la plupart des observateurs. Changement de ton, trois jours après, pour le deuxième débat. À une semaine du premier tour de la primaire de la gauche, Jean-Luc Bennahmias, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Sylvia Pinel, François de Rugy et Manuel Valls ont opposé plus vivement leurs points de vue, dimanche 15 janvier, sur plusieurs sujets comme les migrants ou le cannabis.

Au terme des deux heures quarante qu'a duré ce deuxième débat, les candidats se sont d'ailleurs félicités de leurs échanges. Ce débat était "beaucoup plus vivant et approfondi que le précédent", a notamment jugé Vincent Peillon.

La politique d'accueil des migrants a été la première – et la plus significative – passe d’armes de la soirée. Manuel Valls, qui défendait le bilan de son gouvernement "face à la crise migratoire", a ainsi dû faire face aux critiques de Vincent Peillon et de Benoît Hamon. Le premier a ainsi exprimé son "désaccord profond" avec sa politique. "J'ai le sentiment que les Français étaient plus généreux que leurs dirigeants", a-t-il souligné en évoquant les "5 000" réfugiés accueillis par la France, loin des "30 000" promis. Plus tôt, c’est Benoît Hamon qui avait fait mine de s’interroger : "Avec cette politique, sommes-nous à la hauteur de nos valeurs ?". Avant de trancher : "Nous pouvons accueillir davantage de migrants". Ce à quoi Manuel Valls a répondu de manière définitive : "L'accueil illimité ça n'est pas possible".

Sylvia Pinel a rappelé la tradition "humaniste" de la France et appelé à une meilleure réponse européenne en prônant en particulier la création d'un droit d'asile européen. François de Rugy a préféré lâché ses coups contre François Fillon, qui, selon lui, a repris à son compte la rhétorique du Front national : "Immigration zéro".
 

Autre sujet de divergences : la légalisation du cannabis. Sans détour, Benoît Hamon s’y est déclaré favorable : "Est-ce que le tout-répressif a amené à une baisse de la consommation de cannabis ? Non", a-t-il argumenté. Le candidat souhaite consacrer "535 millions d’euros à la lutte contre les addictions plutôt qu’à la prohibition quand elle est inefficace". Sylvia Pinel s’est également déclarée favorable à la légalisation du cannabis, "un enjeu de sécurité et de santé publique", selon elle. La candidate a estimé qu’il fallait encadrer la distribution de cannabis "en pharmacie pour assécher les réseaux" et "redistribuer les moyens de sécurité publique sur les autres trafics et la lutte contre le terrorisme".

"Quand on veut gouverner, il faut savoir assumer les interdits", leur a répondu Manuel Valls qui a redit avec fermeté son opposition à la dépénalisation. Plus évasif, Vincent Peillon s'est engagé à ouvrir "sérieusement ce débat" avec "une grande conférence nationale sur le sujet". Arnaud Montebourg a, lui, fait part de ses réticences sur la question, mais sans fermer la porte, lui aussi, à un débat citoyen. Fustigeant "40 ans d'hypocrisie" et concédant "avoir déjà fumé… mais pas ce soir", Jean-Luc Bennahmias a prôné une "légalisation contrôlée", tandis que François de Rugy s’est dit favorable à une expérimentation, lui aussi soulignant l'hyprocrisie autour du sujet, quand "tout est disponible dans les bureaux de tabac pour pouvoir rouler un joint à l'exception du cannabis".

En revanche, d'autres thèmes abordés ont donné lieu à moins de clivages. Lors des questions de politique étrangère, tous ont fait part de leur volonté de garder la France indépendante des puissances américaine et russe, soulignant la nécessité de bâtir une Union européenne forte et renforcée en matière de défense. Peu de différence également sur les questions d'éducation ou de laïcité.

Les sept candidats à la primaire se sont par ailleurs engagés à en soutenir le vainqueur. "Oui, c'est pour ça que je veux gagner", a notamment répondu Manuel Valls, provoquant des rires dans l'assistance, imité par Arnaud Montebourg qui a déclaré n'avoir "pas d'autre choix que de gagner".

Selon un sondage Elabe pour BFM TV, Arnaud Montebourg a été jugé le plus convaincant (29 %), devant Manuel Valls (26 %) et Benoît Hamon (25 %) par les 1 053 téléspectateurs testés. Chez les seuls sympathisants de gauche, Benoît Hamon arrive en tête avec 30 %, devant Manuel Valls (28 %) et Arnaud Montebourg (24 %).