Plusieurs stars hollywoodiennes ont profité de la tribune offerte par les Golden Globes pour dire tout le mal qu'elles pensaient de Donald Trump. Meryl Streep s'est inquiétée de l'irrespect et de la violence des déclarations du président élu.
Encore secoués par l'élection de Donald Trump, plusieurs membres éminents d'Hollywood, Meryl Streep en tête, ont profité de la cérémonie des Golden Globes, dimanche 8 janvier, pour dire leur hostilité au président américain élu.
La première référence à l'homme d'affaires élu à la tête des États-Unis a été faite dans le registre de l'humour par Jimmy Fallon, le maître de cette cérémonie organisée chaque année par l’Association de la presse étrangère d'Hollywood. Mentionnant le film de Stephen Frears "Florence Foster Jenkins", qui évoque une très mauvaise chanteuse d'opéra, l'animateur de la chaîne NBC a expliqué que "même elle" avait refusé de se produire lors de la cérémonie d'investiture de Donald Trump, le 20 janvier.
L'équipe de transition du président élu a en effet le plus grand mal à obtenir la présence de têtes d'affiches lors de ce grand raout, alors que Barack Obama avait réuni un aréopage de vedettes lors de ses deux cérémonies d'investiture [Aretha Franklin chantant pour la première cérémonie en 2009, suivie de Beyoncé en 2013].
Les "derniers Golden Globes de l'histoire"
Les références se sont ensuite faites plus corrosives à mesure que la soirée avançait. Récompensé pour son second rôle dans "The Night Manager", l'acteur britannique Hugh Laurie s'est dit honoré de faire partie des gagnants "des derniers Golden Globes de l'histoire". "Je ne veux pas être sombre. C'est juste qu'il y a les mots ‘Hollywood’, ‘étranger’ et ‘presse’ dans le titre", a expliqué celui qui a longtemps incarné le "Dr House" de la série du même nom.
Une référence très claire à Donald Trump, qui s'en est très régulièrement pris aux médias, n'a jamais caché son mépris pour Hollywood et a notamment tenu des propos insultants vis-à-vis des Mexicains.
Reprenant le flambeau là où Hugh Laurie l'avait laissé, Meryl Streep est allée beaucoup plus loin encore quelques minutes plus tard (voir vidéo en anglais ci-dessous). "Vous tous dans cette salle appartenez aux segments les plus diabolisées de la société américaine en ce moment", a expliqué l'actrice qui a reçu le prix Cecil B. DeMille pour l'ensemble de sa carrière. Elle a ensuite évoqué les origines très diverses des autres actrices nominées, comme elle, pour le meilleur premier rôle dramatique féminin.
"Hollywood croule sous les gens venus d'ailleurs et les étrangers", a-t-elle poursuivi. "Si vous les mettez tous dehors, vous n'aurez plus rien à regarder que du football américain et des arts martiaux mixtes, qui ne sont pas de l'art."
L'actrice aux trois Oscars de 67 ans a enfoncé le clou en revenant sur ce qui avait été pour elle la "performance" de l'année. Il s'agit, selon elle, de l'imitation moqueuse qu'a faite, lors d'une réunion publique en novembre 2015, Donald Trump d'un journaliste du New York Times qui souffre d'une maladie articulaire limitant les mouvements de ses bras.
Pour elle, ce genre de débordements "s'immisce dans la vie de tout le monde, parce que cela en autorise d'autres à faire la même chose". "L'irrespect amène l'irrespect. La violence incite à la violence, a-t-elle déclaré. Et quand les puissants se servent de leur rang pour brutaliser les autres, nous sommes tous perdants."
Un peu plus tard, l'actrice française Isabelle Huppert, en recevant son prix de la meilleure actrice dans un rôle dramatique, a conclu "il y a des gens du monde entier dans cette salle, de Chine, d'Amérique, d'Europe. N'attendez pas du cinéma qu'il dresse des murs et des frontières", dans un message direct au président élu, qui a promis d'ériger un mur entre les États-Unis et le Mexique.
Avec AFP