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Mort de François Chérèque, figure du syndicalisme français

François Chérèque, ancien secrétaire général de la CFDT, est décédé lundi à l'âge de 60 ans. Son successeur à la tête de l'organisation, Laurent Berger, salue la disparition d'une "grande figure" du syndicalisme français.

Le syndicaliste François Chérèque est décédé, lundi 2 janvier, "à la suite d'une longue maladie", ont annoncé un proche de la famille et son ancien syndicat, la CFDT.

Éternel révolté contre les injustices, aussi fougueux que chaleureux, François Chérèque a dirigé la CFDT de 2002 à 2012, avec le réformisme en boussole et un mental de combattant, qu'il mettra ensuite au service de grandes causes sociales sous la présidence Hollande.

CFDT, Terra Nova et l'Agence du Service Civique

Né le 1er juin 1956 à Nancy dans une famille de culture sociale-chrétienne, ce fils d'ouvrier métallurgiste est parvenu à se faire un prénom. Son père, Jacques Chérèque, fut ministre de Michel Rocard (1988-1991), après avoir été le numéro deux de la CFDT, au côté d'Edmond Maire.

Éducateur spécialisé de formation, François Chérèque a dirigé le deuxième syndicat français entre 2002 et 2012 après avoir été à la tête de la Fédération santé-sociaux de cette confédération syndicale.

Après son départ de la direction de la CFDT, il a été inspecteur général des affaires sociales, président de l'Agence du service civique et président du conseil d'administration du think tank Terra Nova, proche du Parti socialiste.

Il avait suspendu ses activités en septembre 2015 pour suivre un traitement de chimiothérapie et quitté ses fonctions à la tête du Haut commissaire à l'engagement civique en juin 2016 pour "raisons de santé".

Celui qui se disait "réformiste mais impatient" – le titre de son livre publié en 2005 –, a été souvent critiqué pour sa "volonté de signer". Même s'il a dit n'avoir "aucun regret", l'accord passé avec le gouvernement Raffarin lors de la réforme des retraites en 2003 plongera la CFDT dans une crise de plusieurs années. Cette crise et les départs massifs de militants "l'ont beaucoup marqué. Il a compris que la confiance des militants est très importante. Il s'est mis à leur écoute", soulignait en 2012 Jean-Marie Pernot, chercheur à l'Ires.

Les hommages affluent

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a estimé lundi que le syndicalisme français perdait "une grande figure" avec le décès de son prédécesseur François Chérèque, qui a fait de la lutte syndicale "un engagement personnel". "La CFDT perd une grande figure, le syndicalisme français perd une grande figure qui a fait de la lutte syndicale un engagement personnel", a-t-il dit à l'AFP, très ému.

Francois Chérèque est décédé. Mes pensées vont à sa famille, aux militants et ts ceux qui ont connu l'homme exceptionnel d'engagement... 1/2

— Laurent Berger (@CfdtBerger) 2 janvier 2017

... et d'humanité qu'il était. Le syndicalisme perd une grande figure, la CFDT un responsable déterminant et moi un ami très cher. 2/2

— Laurent Berger (@CfdtBerger) 2 janvier 2017

"J'espère que tout le monde reconnaîtra son engagement. Je ressens un grand sentiment d'injustice, car il est parti trop tôt", a ajouté Laurent Berger, qui a succédé à François Chérèque à la tête de la centrale fin 2012.

"Au delà de nos désaccords, François était cordial, direct", a relevé Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO.

La classe politique française rend de manière quasi-unanime hommage au disparu. En déplacement à Bagdad, François Hollande a salué "un homme dont le courage a éclairé l'action" et qui "ne faisait des compromis que pour parvenir à l'essentiel".

"François Chérèque était un homme dont le courage a éclairé l'action. Toute sa vie il s'est mobilisé pour la justice et le progrès", déclare le chef de l'Etat, dans un communiqué de l'Elysée.

L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin – avec qui il avait signé l'accord sur les retaites – a salué sur Twitter "un homme bien, un leader de parole et de conviction".

J'apprends le décès de F. Chereque avec une profonde tristesse. C'était un homme bien, un leader de parole et de conviction.Memoire de 2003.

— Jean-Pierre Raffarin (@jpraffarin) 2 janvier 2017

Stéphane Le Foll, porte parole du gouvernement, a rendu hommage à "un homme sincère et profondément humaniste". Myriam el Khomri (Travail) a salué son "exigence" et son "éthique au service des salariés". Patrick Kanner (Ville), "très ému", a souligné que le leader syndical "pensait que la force de la France résidait dans l'engagement de ses citoyens".

François Chérèque était un homme sincère et profondément humaniste. 2/2

— Stéphane Le Foll (@SLeFoll) 2 janvier 2017

Parmi les candidats à la primaire de la gauche, Vincent Peillon a rendu hommage à "un homme d'exception, d'idées, de combats pour faire avancer notre société", Benoît Hamon à un "grand syndicaliste, homme intelligent et généreux" et Manuel Valls "un grand syndicaliste, un homme de progrès, un ami".

Avec AFP et Reuters.