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François Hollande accorde une grâce totale à Jacqueline Sauvage

François Hollande a annoncé, mercredi, avoir accordé la grâce présidentielle totale à Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de réclusion pour le meurtre de son mari violent. Détenue près de Paris, elle a été libérée dans la soirée.

François Hollande a accordé à Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent, "une remise gracieuse du reliquat de sa peine d'emprisonnement", qui "met fin immédiatement à sa détention", a annoncé l'Élysée mercredi 26 décembre dans un communiqué.

Jacqueline Sauvage est sortie libre vers 18h30 de la prison de Réau (Seine-et-Marne), où elle était détenue pour le meurtre de son mari violent.

J'ai décidé d'accorder à Jacqueline Sauvage une remise gracieuse du reliquat de sa peine. Cette grâce met fin immédiatement à sa détention.

— François Hollande (@fhollande) 28 décembre 2016

"Le président de la République a estimé que la place de Mme Sauvage n'était plus aujourd'hui en prison, mais auprès de sa famille", a ajouté le palais présidentiel.

L'avocate de Jacqueline Sauvage, Maitre Nathalie Tomasini, a fait par se sa vive émotion après avoir "porté ce dossier à bout de bras". "Je suis tellement heureuse, c'est le résultat d'un an de travail acharné", a-t-elle ajouté, confiant qu'elle était au courant de la décision mais ne pouvait pas s'exprimer car "tenue à un devoir de réserve".

François Hollande accorde une grâce totale à Jacqueline Sauvage

L'Élysée a précisé que le chef de l'État avait accordé sa grâce "après avis du ministre de la Justice", saisi le 9 décembre après le rejet en appel de la demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage.

Rappel : la grâce est une dispense d'exécuter la peine. Elle n'efface pas la condamnation, contrairement à l'amnistie. #Sauvage

— Mari de Mme Eolas ✏️ (@Maitre_Eolas) 28 décembre 2016

Ses filles "craignaient pour sa vie"

Dans une lettre adressée une semaine plus tôt au président, les trois filles de Jacqueline Sauvage se disaient "désespérées" de ne pas avoir leur mère près d'elles, "inquiètes pour son état de santé" et "craignant pour sa vie". Elles disaient aussi ne "plus" savoir "comment intervenir face à toutes ces interminables procédures qui n'aboutissent pas".

Devenue un symbole des victimes de violences conjugales, Jacqueline Sauvage avait obtenu le 31 janvier, après une forte mobilisation, une grâce partielle du président Hollande, notamment de la période de sûreté, lui permettant ainsi de présenter immédiatement une demande de libération conditionnelle.

Hollande accusé d'agir contre l'indépendance de la justice

Cette demande avait été rejetée en première instance, puis en appel. La cour d'appel de Paris avait notamment estimé que la réflexion de Jacqueline Sauvage demeurait "pauvre et limitée puisqu'elle pein(ait) encore" à accéder à un "authentique sentiment de culpabilité".

En octobre 2014, comme en appel en décembre 2015, Jacqueline Sauvage avait été condamnée à dix ans de réclusion criminelle. Ses trois filles avaient témoigné à charge contre leur père, expliquant avoir été violées et battues, comme l'avait été leur mère. Après le rejet de sa demande de libération conditionnelle, ses avocates avaient indiqué que Jacqueline Sauvage et sa famille renonçaient à se pourvoir en cassation.

La grâce totale accordée mercredi par François Hollande à Jacqueline Sauvage est un geste "très hypocrite", par lequel il "piétine allègrement" sa promesse de respecter l'indépendance de la justice dans ce dossier, a réagi l'Union syndicale des magistrats.

"En accordant une grâce partielle (le 31 janvier), François Hollande avait mis en avant le respect des décisions de justice et l'indépendance des magistrats. Et quelques mois plus tard, on piétine allègrement ce que l'on avait dit", a estimé Céline Parisot, secrétaire générale de l'USM.

Avec AFP et Reuters