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Attentat de Berlin : "La revendication de l'EI est inhabituelle pour un suspect en fuite"

Comme pour l’attaque à l’arme blanche de Hambourg en octobre dernier, l’EI a revendiqué l’attentat de Berlin alors même que son auteur présumé est en fuite. Une pratique inédite pour l’EI en dehors de l’Allemagne.

L’attentat au camion-bélier d'un marché de Noël lundi à Berlin qui a tué 12 personnes a été revendiqué par le groupe jihadiste État islamique, alors que son auteur présumé est toujours en fuite. Un procédé inhabituel et propre à l’Allemagne, relève Wassim Nasr, journaliste à France 24, spécialiste des réseaux jihadistes.

L’EI a revendiqué l’attentat de Berlin alors que le suspect est en fuite, cela vous a-t-il surpris ?

Oui, c’est quasiment inédit. Il y a tout de même eu le précédent de Hambourg, en octobre 2016, où l’EI a également revendiqué l’attaque à l’arme blanche alors que le suspect était - et est toujours - dans la nature. À l’époque, cela n’avait pas été pris au sérieux par les autorités allemandes. Ces revendications de Hambourg, et à présent Berlin, alors que les suspects sont en fuite sont, jusqu’à présent, inédites en dehors de l’Allemagne. Normalement, ou en tout cas dans les cas précédents, l’EI ne revendique que lorsque les assaillants sont morts. Et même lorsque les assaillants sont arrêtés, l’EI ne revendique pas leurs actions pour alléger leur peine. Il y a eu plusieurs précédents dans ce sens comme le cas de ce Français qui a tué son patron à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, et qui a essayé de faire exploser une usine de gaz. L’attentat n’a jamais été revendiqué.

Attentat de Berlin : "La revendication de l'EI est inhabituelle pour un suspect en fuite"

Que dit cette revendication inhabituelle sur les liens du suspect avec l’EI ?

Si l’EI a indiqué qu’il s’agissait d’un "soldat de l’EI", c’est que le suspect a un lien, aussi ténu soit-il, avec l’organisation. Cette revendication a-t-elle été souhaitée par l’auteur présumé ou est-elle une façon pour l’EI de pousser son soldat à aller jusqu’au bout ? Il est trop tôt pour le dire. La pièce d’identité trouvée dans le camion est, en tout cas, un indice à prendre en considération. Si elle s’avère bien celle de l’auteur présumé, il était lié aux milieux islamistes salafistes. Le prédicateur dont il était proche est actuellement en prison. Les autorités allemandes affirment qu’il était sur leur radar et que c’est pour cette raison que sa demande d’asile en Allemagne a été refusée. Selon la presse allemande, sa trace a été perdue en décembre. Est-ce que le tueur de Hambourg est le même terroriste que Berlin ? Ce n’est, à ce stade, qu’une hypothèse. L’enquête le dira ou pas.

Le suspect pourrait donc frapper de nouveau ?

À partir du moment où il est toujours dans la nature, il peut frapper. On sait qu’il est potentiellement armé. Par ailleurs, pendant que la police allemande était occupée par la fausse piste du suspect pakistanais… il a eu le temps de se préparer, de mieux se cacher.