La Russie a annoncé mardi soir un cessez-le-feu à Alep. Cette trêve doit permettre l'évacuation des rebelles des quartiers est de la ville. Le sort des populations prises au piège est au cœur des discussions à l'ONU.
Alors que la bataille d’Alep touche à sa fin, d'intenses négociations étaient en cours mardi 13 novembre pour conclure un cessez-le-feu dans la ville syrienne. Ce cessez-le-feu destiné à évacuer les rebelles et les civils d'Alep-Est après quatre mois de siège et de bombardements doit entrer en vigueur mercredi 14 décembre à l'aube, selon plusieurs sources syriennes, russes et turques relayées par des agences.
Mardi après-midi, l'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine a annoncé à des journalistes : "Selon les dernières informations dont je dispose, un accord a été conclu sur le terrain prévoyant que les combattants vont quitter la ville". L'évacuation, a-t-il ajouté, pourrait intervenir "dans les heures qui viennent". Selon le diplomate, cet accord d’évacuation ne s’appliquerait pas aux civils.
La Turquie a affirmé de son côté que l'accord prévoyait l'évacuation des seuls civils dans un premier temps, suivis de combattants rebelles. "Nous pouvons confirmer qu'il y a un cessez-le-feu dans la ville après des discussions entre l'armée russe et l'opposition à Alep-Est", a ainsi déclaré Huseyin Muftuoglu, porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères mardi soir.
Le sort de dizaines de milliers de personnes suspendu à cet accord
Des groupes rebelles syriens avaient auparavant fait état d'un accord pour l'évacuation des rebelles et des civils d'Alep. Une source militaire syrienne a également confirmé mardi qu'un accord de cessez-le-feu avait été conclu à Alep, ville que les rebelles évacueront à partir de mercredi 5 h locales (3 h GMT).
À Alep-Est des dizaines de milliers de personnes restaient assiégées dans les derniers quartiers rebelles soumis à l'intense pilonnage de l'armée, au crépuscule de l'assaut mené par le régime. Les forces régulières étaient mardi soir sur le point de reprendre le contrôle de la ville et de remporter ainsi sa victoire la plus significative depuis le début du conflit en 2011.
Sur le terrain, dans les quartiers tenus par les insurgés dans la partie orientale d'Alep, les armes se sont tues mardi après-midi, selon une journaliste de l'AFP et une ONG syrienne. Dans le quartier de Salaheddine, où se trouvent encore des rebelles, de nombreux bus attendaient apparemment le début de l'opération d'évacuation, selon un photographe travaillant pour l'AFP.
Washington veut des observateurs internationaux sur place
Washington a demandé à ce que des observateurs internationaux supervisent l'évacuation. Par ailleurs, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dit se tenir prêt à intervenir comme intermédiaire neutre dans l'évacuation des personnes se trouvant dans Alep-Est telle qu'elle a été négociée entre les parties en conflit. "Pour le moment, les différentes parties continuent de discuter des détails de cet accord et de la manière dont il sera appliqué. Nous espérons qu'il va se matérialiser et, plus important, qu'il prendra en considération les intérêts des civils", a déclaré Krista Armstrong à Genève mardi soir.
Lors d'une réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU à la demande de la France, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a estimé que la communauté internationale dans son ensemble avait failli. "Il y a eu abondance de messages transmis [au Conseil de sécurité] concernant la situation à Alep', a-t-il dit. "L'Histoire ne nous absoudra pas facilement".
Plus tôt dans la journée, l'ONU s'était alarmée de l'exécution présumée par des supplétifs du régime syrien de dizaines de civils, dont des enfants. Le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a précisément fait état de 82 exécutions sommaires imputées à l'armée et aux milices qui lui prêtent main forte dans les quartiers repris aux insurgés.
"Les informations dont nous disposons parlent de gens tués en pleine rue dans leur fuite ou chez eux. Il pourrait y en avoir beaucoup plus", a dit son porte-parole, Rupert Colville.
Avec AFP et Reuters