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Correspondant de RFI en langue haoussa au Cameroun, Ahmed Abba, restera en prison jusqu'au 4 janvier, date de la reprise de son procès pour "complicité" et "non dénonciation d'actes de terrorisme". France Médias Monde et RFI demandent sa relaxe.

Ahmed Abba est toujours derrière les barreaux. Détenu depuis le 30 juillet 2015 pour complicité présumée de terrorisme, le correspondant de Radio France Internationale (RFI) en langue haoussa au Cameroun restera en prison au moins jusqu'au 4 janvier, date de la reprise de son procès, a annoncé la radio du groupe France Médias Monde, mercredi 7 décembre.

"Le 4 janvier, il [Ahmed Abba] en sera à plus de 17 mois de prison. Nous le répétons, c'est insupportable pour un innocent", a déploré RFI dans un communiqué (voir ci-dessous) à l'issue d'une nouvelle audience qui s’est tenue mercredi devant un tribunal militaire à Yaoundé.

RFI espérait la relaxe de son correspondant poursuivi pour "complicité" et "non dénonciation d'actes de terrorisme" dans le cadre de son travail de journaliste sur les jihadistes nigérians de Boko Haram, actifs dans le nord du Cameroun.

"Aucune preuve"

Ahmed Abba est maintenu en prison "car les experts chargés d'analyser ses ordinateurs et téléphones n'ont pas rendu le rapport que le président du tribunal leur avait commandé le 19 octobre dernier", explique RFI.

Le tribunal avait demandé à deux experts de produire d'ici mercredi un rapport sur le matériel saisi chez le journaliste après son interpellation à Maroua, dans le nord du pays. Le matériel saisi chez le journaliste "ne contient aucune preuve puisque les enquêteurs l'ont déjà largement fouillé", affirme RFI, pour qui le dossier "s'est vidé de toute substance au fil des audiences". La défense a introduit un recours pour annulation.

RFI dénonce des manœuvres dilatoires. "Le procureur nous avait dit qu’il y aurait des témoins et que leurs témoignages seraient accablants. Mais le 3 août dernier, il a reconnu qu’il n’avait pas de témoin, déplore Yves Rocle, directeur adjoint de RFI chargé de l’information Afrique, qui suit les audiences. Maintenant, on nous dit qu’il y a un rapport d’expertise. Ce rapport d’expertise devait être remis et devait nous donner la conclusion de ce procès. Mais finalement, il n’y a pas eu de rapport d’expertise et Ahmed Abba va passer un mois de plus en prison."

"Nous défendons ce journaliste qui faisait son travail, nous le savons, et qui est détenu dans des conditions que nous n'acceptons pas, a affirmé mardi sur les antennes de RFI Jean-Marc Ayrault, ministre français des Affaires étrangères. Nous n'avons pas cessé de multiplier les interventions auprès des autorités camerounaises, nous allons encore le faire ces prochaines heures car nous souhaitons effectivement sa libération."

Ahmed Abba, qui a toujours clamé son innocence, risque la peine de mort, peine prévue par une loi controversée de lutte contre le terrorisme en vigueur depuis fin 2014.

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L’intégralité du communiqué de France Médias Monde :

Ahmed Abba, correspondant de RFI en langue haoussa au Cameroun : 1 an 4 mois et 8 jours de détention, c’est beaucoup trop pour un innocent !

Voilà tout juste un an, Ahmed Abba pouvait enfin rencontrer ses avocats. Tenu au secret dans des conditions particulièrement difficiles dans les locaux de la DGRE (Direction Générale de la Recherche Extérieure) à Yaoundé depuis le 16 août 2015, il avait dû être hospitalisé à la mi-novembre avant de pouvoir être réinséré dans un circuit judiciaire légal.

Il sortait ainsi d’une longue nuit…

Après neuf renvois d’audience en audience, le dossier reste absolument vide. Le commissaire du gouvernement a fini par reconnaître, le 3 août dernier, que les témoins "qui devaient apporter la preuve de (sa) culpabilité" n’existaient pas. Il a alors tenté d’imposer "une expertise" que le Tribunal a rejetée car réalisée en violation de toutes les règles légales.

Le 19 octobre, le tribunal a préféré diligenter lui-même une expertise.

Ce mercredi 7 décembre, les juges devront donc se pencher pour la 9e fois sur le cas d’Ahmed Abba, un journaliste dont le travail, vérifiable et vérifié, est irréprochable.

La direction de France Médias Monde et de RFI souhaite que cette audience soit la dernière, et que la relaxe d’Ahmed Abba soit enfin prononcée.

1 an 4 mois et 8 jours de détention, sans que la moindre preuve n’ait été apportée contre lui. 1 an 4 mois et 8 jours de détention, c’est insupportable quand on est innocent !
 

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