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Primaire de la gauche : la Belle Alliance Populaire promise n’a pas eu lieu

Le PS s'est efforcé, samedi, de mobiliser les partisans à la primaire de la gauche lors de la convention de la Belle Alliance Populaire, après le retrait de François Hollande. Et ce, malgré l’absence de la majorité des candidats… et des militants.

Le lancement du mouvement de la Belle Alliance Populaire n’aura eu de populaire que le nom. La Convention nationale qui s’est tenue, samedi 3 décembre, dans la salle du Paris Event Center, pour donner le coup d’envoi de la primaire de la gauche, n’a réuni que 2 500 militants sur les 10 000 que Jean-Christophe Cambadélis espérait rassembler en septembre.

Il faut dire que l’affiche du meeting initié par le Parti socialiste n’avait rien de séduisant : la majorité des candidats officiellement engagés dans la primaire avaient également boudé le rendez-vous. Pas d’Arnaud Montebourg ni de Benoît Hamon dans les rangs de la salle des congrès du 19e arrondissement de Paris. Pas non plus de Manuel Valls. Le Premier ministre n’a pas profité du rassemblement pour annoncer sa candidature, préférant se rendre dans sa circonscription d'Évry, dans l’Essonne, sur un marché de Noël à l’occasion du Téléthon.

Dans son entourage, on estime que Manuel Valls doit encore attendre avant de se lancer officiellement dans la course à la primaire. "Il n'y a pas le feu au lac. Il faut que les gens digèrent le choc du renoncement de François Hollande", a confié, samedi, Philippe Doucet, soutien du chef du gouvernement, en marge du rassemblement de la gauche.

"Je lance un appel à Emmanuel Macron, à Jean-Luc Mélenchon"

Faisant fi des absents, Jean-Christophe Cambadélis, le patron des socialistes, a donc appelé à faire bloc contre la droite. "Levez-vous peuple de gauche, levez-vous pour mettre de l'ordre dans la situation politique, pour que nous puissions combattre la droite et faire reculer le Front national".

Le PS, longtemps soupçonné de ne vouloir organiser qu'une "petite primaire" les 22 et 29 janvier pour mettre en selle le candidat François Hollande, a désormais changé son fusil d'épaule avec le retrait du président Hollande de la course à l’Élysée, souhaitant visiblement donner de l'ampleur à l'événement.

Dans cette perspective, Jean-Christophe Cambadélis a donc appelé Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon à se joindre à la primaire. "Oui, la primaire, c'est le moyen d'imposer l'unité, de faire en sorte que les familles séparées se retrouvent, et encore une fois, à mon tour, je lance un appel à ceux qui n'ont pas compris aujourd'hui que la modernité c'est que le peuple tranche et non pas de trancher à la place du peuple. Je lance un appel à Emmanuel Macron, à Jean-Luc Mélenchon : rejoignez la primaire de la gauche !", a lancé le premier secrétaire à la tribune tandis que les militants dans la salle l'applaudissaient et scandaient le mot "unité".

Primaire de la gauche : la Belle Alliance Populaire promise n’a pas eu lieu

Une invitation déclinée par Emmanuel Macron qui a rappelé sa position, dimanche 4 décembre, dans les colonnes du Journal du dimanche. "La gauche est éliminée du second tour depuis 18 mois ! Il n’y en a pas un qui va au second tour ! Pas un ! , a asséné l’ancien ministre de l’Économie. Si Manuel Valls gagne, pensez-vous que les soutiens d’Arnaud Montebourg ou de Benoît Hamon iront derrière lui ? Cette primaire, c’est OK Corral".

"L’ électrochoc"

Il n’y a pourtant pas eu de règlement de compte lors de cette convention socialiste, mais un appel au rassemblement qui a pris des tournures d’hommages au chef d’État sortant. Najat Vallaud-Belkacem, parmi les rares ténors de la gauche présents, a émis notamment le souhait que le retrait du président provoque un "électrochoc", recueillant des applaudissements enthousiastes de la salle. "Nous n'avons pas le droit de ne pas être à la hauteur de cette décision", a déclaré la ministre de l’Éducation. "Merci pour le travail que tu as fait, merci pour le combat que tu as mené. Merci, tu es l'honneur de la gauche !", a lancé Jean-Christohpe Camdélis à l'adresse du président, qui était en déplacement à Abou Dhabi.

Des sifflets ont également retenti à l'évocation du nom de François Fillon et de sa vision "d'une autre France que celle que nous aimons", selon une formule de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, également sur place.

Si les militants présents samedi savaient ce dont ils ne voulaient pas, ils restaient plus hésitants à soutenir un candidat plus qu’un autre. "Les gens ont beaucoup tapé sur Hollande et maintenant ils sont embêtés car il ne savent pas par qui le remplacer : qui a la stature de chef d'État, qui portera des idées de gauche malgré tout ?", s'est interrogée Ina Sy, conseillère régionale des Pays de la Loire, auprès de Reuters. "François Hollande représentait le socialisme réaliste."