logo

Alors que Manuel Valls n’a pas exclu de se présenter à la primaire de la gauche face à François Hollande en vue de la présidentielle de 2017, le Premier ministre et le président ont tenté, lundi, d'afficher un semblant d'unité.

Après un week end d'offensive du chef du gouvernement, Manuel Valls et François Hollande se sont retrouvés le 28 novembre pour leur traditionnel déjeuner du lundi, qui a pris une tournure inédite.

Arrivé avec une demi-heure d’avance, le Premier ministre a quitté l’Élysée le visage fermé. Pourtant, selon l’entourage du chef de l’État, l’ambiance a été "tout à fait cordiale et studieuse", ajoutant que l’action de l’exécutif va pouvoir se poursuivre "sereinement". Manuel Valls a ainsi assuré à François Hollande qu’il ne "pouvait y avoir" et qu’il n’y "aurait jamais de crise institutionnelle" au sommet de l’État. Le chef du gouvernement a par ailleurs écarté une démission de Matignon, soulignant "être chef du gouvernement" et "avoir le sens de l’État". "Il ne peut y avoir, notamment dans ce moment précis où la France fait face à la menace terroriste, de confrontation politique dans le cadre d’une primaire entre un président de la République et un Premier ministre" a encore fait valoir Manuel Valls au chef de l’État.

Pourtant, dans une interview publiée la veille dans le Journal du Dimanche, Manuel Valls n’a pas exclu de se présenter contre François Hollande lors de la primaire organisée par le PS les 22 et 29 janvier prochain. "Chacun doit mener ses réflexions en responsabilité. Je prendrai ma décision en conscience" avait observé Manuel Valls, se gardant donc d’écarter l’hypothèse d’un face-à-face avec François Hollande.

François Hollande a donc intensifié son bras de fer qui l’oppose à son Premier ministre réaffirmant, par la voix de ses soutiens, qu’il gardait la main sur son éventuelle candidature. "Il n’y aura pas de primaire entre le président de la République et le Premier ministre", a ainsi affirmé sur Europe 1 le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, indéfectible soutien de François Hollande. "Ça n'existe pas, ça ne peut pas s'imaginer, sauf dans des esprits qui ont un petit peu tendance à confondre leur ressentiment personnel avec l'intérêt général", a-t-il insisté, en réponse à l'hypothèse lancée samedi matin par le président (PS) de l'Assemblée nationale Claude Bartolone. Ce dernier a lancé un pavé dans la mare en évoquant un duel de l’exécutif dans le cadre de la primaire, en marge d’une réunion de la gauche censée œuvrer au rassemblement. Moins virulent mais tout aussi clair, le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a dressé le même constat sur France 2 en se prononçant "pour la primaire de toute la gauche, pas nécessairement avec la totalité de l'exécutif".

Climat délétère

Jean-Christophe Cambadélis a toutefois tenté de positiver : "Rien d’irréparable n’est dit" entre Manuel Valls et François Hollande, "il n’y aura qu’un seul candidat de la majorité du PS". Manuel Valls "a tout à fait la possibilité" d’être candidat, "mais à ce moment-là, il n’est plus Premier ministre" a quant à lui souligné Stéphane Le Foll.
Proche de Matignon, le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, a tenté de désamorcer une situation explosive en jugeant qu'il "n'y a pas de crise" au sein de l'exécutif, mais "un débat". "Le Premier ministre gouverne sous l'autorité du président de la République", a-t-il aussi réaffirmé.

François Hollande et Manuel Valls sont au plus bas dans les intentions de vote, avec 9% seulement chacun au premier tour de l'élection présidentielle, selon un sondage Harris Interactive publié dimanche soir. De quoi alimenter l'inquiétude au sein du PS, à cinq mois de l'échéance, et même au-delà. "Ce qui se passe en ce moment dans l'exécutif n'est bon pour personne", a de son côté estimé Laurent Wauquiez, président par intérim des Républicains. "Je leur dis : Ressaisissez-vous ! Il reste cinq mois, ça ne peut pas aller jusqu'au bout."

Avec AFP