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On a testé le HoloLens de Microsoft : pour le fun, il faudra encore attendre un peu

Enfin, le HoloLens est arrivé jusqu'à nous. Ou plutôt, on est arrivés jusqu'à lui, puisque Microsoft nous a convié lundi 20 novembre dans ses locaux parisiens pour un test d'1h30. Verdict.

Quand dans l’ascenseur du siège de Microsoft France, j’ai manifesté mon excitation à l’idée d’enfiler pour la première fois "un casque de réalité augmentée", on m’a tout de suite corrigée : "Ah non, de réalité mixe. On tient beaucoup à ce terme." Ah, désolée.

Mais il faut avouer que la nuance n’est pas évidente. Ce que j’ai fini par comprendre, c’est que Microsoft n’a pas vraiment envie d’être associé au terme de "réalité augmentée", largement popularisé cet été par l’application Pokémon Go. Et c’est en enfilant le fameux "dispositif" HoloLens (oui, car on m’a aussi dit qu’il ne fallait pas l’appeler "casque") que l’on comprend mieux pourquoi la firme de Redmond fait preuve de coquetterie : contrairement à Pokémon Go, où les éléments de notre environnement ne sont pas, ou à peine, pris en compte dans le rendu de la projection 3D, la réalité mixte, elle, appréhende ces mêmes éléments comme partie prenante du décor.

En clair, votre Roucoul n’en a strictement rien à faire qu’il y ait une bouteille d’eau sur votre table – il la traverse en toute tranquillité –, quand un dinosaure généré par HoloLens la considère comme un obstacle à prendre en compte.

La différence va même plus loin, au point que Microsoft parle de "générateur d’hologrammes interactifs". Car l’exploit d’HoloLens tient bien au fait qu’il est possible d’interagir avec les hologrammes en question, qui ne sont plus de simples informations fixes superposées au réel. Enfin, HoloLens est capable de proposer, intégré à la réalité sous la forme d’un écran, du contenu en réalité virtuelle. Vous suivez ? Voilà, dans les grandes lignes, les raisons qui me pousseront désormais à surveiller mon langage.

Premiers pas

Après cet exercice étymologique, passons aux choses pratiques. Première impression avec ledit "dispositif" sur la tête : ça fait mal, comme ces serre-tête trop serrés que s’obstinait à me mettre ma mère quand j’étais petite. En réalité, je crois que j’aurais dû tout simplement desserrer le cerceau ajustable à placer autour du crâne. J’ai préféré ne rien dire, allez savoir pourquoi. Reste la possibilité que j’aie une très grosse tête (ma consœur du Figaro a expliqué avoir dû tenir l’appareil à bout de bras tant il glissait sur son nez).

Au bout de quelques minutes, dont certaines consacrées à la calibration du casque à ma vue, j’ai réussi à assimiler la gestuelle nécessaire à la manipulation : un clic franc pour sélectionner ou valider, un clic long pour saisir, ou encore deux doigts collés pour déplacer. L’un d’entre eux m’a toutefois un peu perturbée : celui qui permet de quitter une interface et que les équipes de Microsoft nomment "Bloom". Comme vous vous en doutez, il est question à ce moment-là d’imiter une fleur qui s’ouvre, ce qui m’a parfois donné l’impression de me retrouver dans un clip futuriste de Céline Dion.

Utiliser un #HoloLens, c'est aussi faire plein de trucs bizarres avec ses mains pic.twitter.com/miyUu36yoR

— Marine Benoit (@marin_eben) 21 novembre 2016

Dans le casque, qui ne comporte pas d’écouteurs, une voix de femme me donne conseils et instructions en anglais. On m’assure que dans la pièce, je suis la seule à l’entendre. Contrairement à celle de certains GPS, celle-ci est plutôt sympathique et apaisante. Elle m’explique aussi que je peux commander l’appareil à la voix, grâce à certains mots-clés. Eux aussi, en anglais.

Prouesses techniques

L’hésitation passée, j’ai commencé à me laisser séduire par l’expérience : le rendu haute-résolution des hologrammes est d’autant plus épatant que le casque n’est relié à aucun ordinateur.

HoloLens crée de l’information, là où un casque de VR ne va que la chercher

Car il est lui-même un ordinateur, qui intègre des micro-processeurs de dernière génération (dont des HPU, pour Holographic Processing Unit). La voilà, la disruption : devant mes yeux, HoloLens crée bien de l’information, là où un casque de VR ne va que la chercher. 

J’ai donc eu l’occasion d’observer le corps humain en 3D et de tourner autour pour en saisir les moindres détails, de visualiser le système solaire et de zoomer sur les planètes, ou encore de réparer une LED en suivant les conseils d’un interlocuteur via une fenêtre Skype "placardée" sur le mur. Celui-ci était capable de voir "avec mes yeux" grâce à une caméra située sur le casque, et même d’entourer au fur et à mesure, avec une sorte de feutre, les outils dont j’avais besoin.

Mais je dois avouer que la chose qui m’a le plus amusée est sans doute la plus gadget : j’ai pu disperser dans la pièce tout un tas d’hologrammes de mon choix, disponibles dans une sorte de bibliothèque façon Clipart de Word 95 (notez la modernité de la référence). Du coup, j’ai fini par poser une grosse tête d’alien sur la table basse et par accrocher un requin blanc au plafond. En réalité, l’option n’a pas vraiment d’utilité, si ce n’est celle de refaire la déco de notre environnement – un bureau un peu tristounet par exemple.

L'entreprise, une cible privilégiée

Car pour le moment, c’est bien le BtoB que Microsoft veut séduire avec HoloLens. Je ne vous cache pas que l’information m'a un peu déçue. Moi qui me voyais jouer avec dans mon salon d’ici un ou deux ans, c’est râpé.

C’est bien le BtoB que Microsoft veut séduire avec HoloLens

On m’affirme, sans toutefois vouloir les citer, que "de nombreuses entreprises françaises s’intéressent à la technologie", quand certaines n’en font pas déjà usage. "Vous en saurez plus prochainement", assure Florent Pelissier, responsable marketing d'HoloLens. À l’international, la Nasa, Volkswagen ou encore Audi semblent en tous cas ravis d’avoir investi dans plusieurs casques.  

Alors qu’il est littéralement vissé sur ma tête, j’imagine effectivement l’intérêt que l’engin peut avoir dans tout un tas de secteurs : la médecine, le design, l’animation 3D ou encore la défense. Début novembre, l’armée ukrainienne a d’ailleurs exprimé son intérêt pour le dispositif, qui serait en mesure d’augmenter le champ de vision des conducteurs de chars grâce à des capteurs placés à l’extérieur des véhicules. "Ceux-là, on ne les attendait pas", plaisante Florent Pelissier.

Après plus de 40 minutes de test, mon crâne et mon nez commencent à me faire vraiment souffrir. Il faut que j’enlève tout ça, et vite. Mais pourquoi ne pas avoir mis des coussinets autour du cerceau, ou au moins à l’emplacement de l’arête du nez ? Même lorsqu’il est ajusté, ce qui n’était donc pas le cas pour moi, j’ai du mal à croire que l’utilisateur ne ressente aucune gêne après deux heures… 

L'heure du bilan

Globalement, HoloLens m’a convaincue, même si de nombreux progrès restent à faire. Oui, il n’est pas confortable. Oui, le champ de vision – rectangulaire – dans lequel apparaissent les hologrammes est encore trop réduit pour réellement se croire dans un film de science-fiction (il arrive souvent que l’hologramme visionné soit "coupé" lorsqu’il est trop grand pour le champ). Oui, l’expérience n’est pas si intuitive que ça, et un certain de temps de prise en main est nécessaire. Et oui, il va falloir que la sauce prenne côté développeurs, sans quoi les possibilités offertes par le casque resteront limitées. Pour ça, Microsoft compte sur la "Creators Update" de Windows 10, qui sortira au printemps prochain. Avec cette prochaine mise à jour, l’entreprise entend "rendre la 3D accessible à tous".

Mais HoloLens remplit son contrat, comme l’avait fait l’Oculus Rift dans sa toute première version avec la réalité virtuelle : il nous donne un aperçu solide de ce à quoi ressemblera notre futur. Et on a déjà envie d’y être.

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