L'opposition vénézuélienne et le gouvernement Maduro ont repris les négociations vendredi dans le cadre du dialogue engagé avec la médiation du Vatican pour tenter de désamorcer les tensions politiques dans le pays en plein marasme économique.
Le gouvernement socialiste du président vénézuélien Nicolas Maduro a repris langue avec l'opposition de centre droit, vendredi 11 novembre, et les deux parties ont d'ores et déjà accepté de se retrouver samedi pour poursuivre les négociations, ont précisé les témoins de ce fragile dialogue au Venezuela.
"Nous nous sommes mis d'accord pour continuer les discussions demain" samedi, a annoncé Ernesto Samper, ancien président colombien et désormais secrétaire général de l'Union des nations sud-américaines (Unasur), l'un des témoins présents pour aider au bon déroulement de ces négociations relancées sous les auspices du Vatican.
"Il y a eu des avancées sur des points centraux, dont le contenu exact sera révélé" à l'issue de cette deuxième étape des discussions, a précisé Ernesto Samper, présent vendredi dans l'hôtel de Caracas qui héberge le dialogue entre gouvernement et opposition, parmi d'autres grands témoins comme l'ancien chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero ou l'ex-président dominicain Leonel Fernandez.
Il y a eu notamment "une analyse sérieuse du calendrier électoral", a précisé l'envoyé du pape François, monseigneur Claudio Maria Celli, selon qui "un vrai désir de trouver des solutions positives, partagées, aux problèmes du pays, a régné durant les travaux".
Avant même le retour à la table des négociations, vendredi, la Table pour l'unité démocratique (MUD), coalition qui réunit une bonne partie de l'opposition à Nicolas Maduro, avait menacé de déserter si elle n'obtenait rien sur un retour aux urnes. "Le Venezuela est une cocotte-minute", avait averti Jesus Torrealba, secrétaire exécutif de la MUD, selon qui il faut "une solution électorale à la crise" actuelle du Venezuela.
"Je suis disposé à continuer, mais sans ultimatum, sans bravade"
Le recours au vote est l'arme que revendique l'opposition depuis sa victoire aux élections législatives fin 2015, qui a mis fin à 17 ans d'hégémonie parlementaire du camp de l'ex-président Hugo Chavez (1999-2013).
"J'ai fait tout ce qui était possible et impossible pour que débute ce dialogue de paix avec la droite, et je suis disposé à continuer, mais sans ultimatum, sans bravade", avait averti de son côté Nicolas Maduro, quelques heures avant la rencontre de vendredi.
Surfant sur le mécontentement populaire dans ce pays pétrolier qui a sombré économiquement avec la chute des cours du brut, l'opposition réclame ou un référendum pour révoquer Nicolas Maduro d'ici fin 2016, ou des élections anticipées au premier trimestre 2017.
"L'opposition semble avoir tendance à négocier des choses impossibles", avait cependant observé le politologue Nicmer Evans.
De fait, ce référendum a été gelé par les autorités électorales, une décision confirmée vendredi par le Tribunal suprême de justice (TSJ) qui a rejeté un appel de la MUD. Et le chef de l'État martèle qu'il restera à son poste jusqu'à la fin de son mandat, en janvier 2019.
"La probabilité qu'à cette table des négociations le gouvernement accepte un référendum ou des élections anticipées est proche de zéro, car Maduro a la certitude absolue qu'on veut sa tête", selon l'analyste Luis Vicente Leon.
Quelques concessions dans chaque camp
Les deux camps ont fait quelques concessions, le gouvernement relâchant cinq opposants sur la centaine de "prisonniers politiques" recensés par la MUD, tandis que le Parlement suspendait le vote de défiance prévu contre Nicolas Maduro et un appel à manifester.
Pour Luis Vicente Leon, l'exécutif a en fait remporté le premier round en empêchant ces manifestations massives, en désamorçant la pression internationale et tout simplement en gagnant du temps.
Mais l'opposition veut plus : "Nous les Vénézuéliens, nous avons besoin de signes de changement. Nous sommes à la limite, car la situation économique est une bombe qui peut exploser", a déclaré l'ex-candidat présidentiel Henrique Capriles.
Plusieurs dirigeants de la MUD ont prévenu qu'ils reprendraient les manifestations et le "procès en destitution" du président si le dialogue n'avance pas.
Avec AFP