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Hillary Clinton a perdu, même si elle n’arrive pas à le croire : c’est pire que la défaite

Trump à la Maison Blanche. Le cauchemar de l’Amérique libérale devient réalité.

Game Over. Les républicains n’osaient même pas y croire. Seul Trump répétait ces derniers jours qu’il allait gagner cette élection. Tout le monde, ou presque, entendait là de "l’intox". De bonne guerre en campagne électorale. Lui seul, peut-être, avait senti que la mayonnaise Clinton ne prenait pas. Qu’une majorité silencieuse se dressait. Une majorité "d'oubliés" blanche, mâle, ouvrière souvent, dégoûtée par l’élite de Washington, déboussolée par l’ouverture des frontières aux hommes comme aux marchandises.

Cet "establishment", Clinton l’incarnait jusqu’à la caricature. Son arrogance, ses amis de Wall Street, son manque évident de transparence : tout concourait à en faire un repoussoir, comme Bernie Sanders l’avait point" dans sa remarquable campagne des primaires. Mais tous les Américains n’avaient le sens politique de Sanders qui n’admettait pas que des pauvres puissent voter pour un milliardaire simplement parce qu’ils sont en colère. Et que dire de son manque total d’élégance dans sa difficulté à reconnaître publiquement une évidente défaite.

Elle a eu, jusqu’au bout tout faux. Incapable de rassembler plus des deux tiers du vote hispanique. Aussi incroyable que cela puisse paraître : en dépit des insultes racistes, près d'un tiers des latinos ("des violeurs", selon Trump) ont tout de même voté pour le milliardaire. Il est donc possible que ces immigrés devenus citoyens américains aient voulu se distancer de tous ces millions de clandestins ; ceux qui à leur tour tentent leur chance au "pays des opportunités" et que Trump entend renvoyer derrière un mur. Et le vote des femmes ? Il n’a même pas été assez massif. Cela restera un mystère qu'elles aient été si nombreuses à ne pas voir en Hillary Clinton une occasion historique de briser le "plafond de verre", et n’aient pas été assez dégoûtées par les assauts machistes et sexistes de Trump. L'ex-secrétaire d'État s'est également montrée incapable de s'adresser davantage au cœur des Américains, comme sût le faire Barack Obama la veille du scrutin.

Cette élection aura balayé tous les credos de l’Amérique libérale. Elle pourra se consoler en allant fumer de l'herbe en Californie ou dans le Massachusetts. Ce n’était ni une question de race, de genre, de technologie, d’écologie, d’inclusion, de confiance. Mais plutôt une question de revenus, de classes. L’ironie, c'est que c’est un milliardaire qui a tiré les marrons du feu. La politique en est complètement chamboulée. Trump a d’abord renversé l’élite républicaine avant d’écraser le gratin démocrate. C’est un vote de revanche de ceux que Clinton avait appelé les "déplorables". Ils ont été nombreux à se reconnaître et à lui renvoyer la monnaie de sa pièce.

Trump inquiète. Tout est moche chez lui, de sa coiffure jusqu’à ses discours. Mais Clinton s’est simplement montrée détestable, une antithèse du président empathique qui s’en va. Et qui sera longtemps regretté. Trump a montré le visage d'une Amérique qui fait peur, qui offense. Consolons-nous en nous disant qu'il ne peut que surprendre agréablement.

Sa victoire est une onde de choc qui sera ressentie jusqu’en France, où se profile une élection qu’il serait sage de s’abstenir de pronostiquer.

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