La justice bavaroise a ouvert une enquête suite à une plainte pour "incitation à la haine" déposée contre Facebook, notamment Mark Zuckerberg. Le réseau social a déjà échappé une première fois à une procédure similaire à Hambourg.
Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, est-il coupable d'incitation à la haine ? C'est la question que se pose le procureur de Munich, la capitale du Land de Bavière en Allemagne.
Le magistrat a ouvert une enquête, vendredi 4 novembre, contre le patron du réseau social et neuf autres dirigeants du groupe pour savoir s'il y avait lieu de les poursuivre. La justice bavaroise s'est mise en branle après une plainte de Chan-jo Jun, un avocat spécialiste du droit des nouvelles technologies.
Ce dernier a constaté que Facebook ne faisait pas grand cas des dénonciations de messages haineux – essentiellement contre les réfugiés – postés sur son réseau social. L'avocat a dressé une liste de 438 messages, dont certains constituent des appels aux meurtres explicites, d'autres des incitations aux agressions d'étrangers ou encore des cas de négationnisme. Chan-jo Jun a, ensuite, envoyé ce "pire de Facebook" aux équipes de modération du géant américain. Après vérification, il a établi, et envoyé au parquet de Munich, un fichier qui illustre qu'aucun message – ou presque – n'a été effacé.
Cette plainte vient mettre à mal l'un des principaux arguments de défense développé par Facebook, accusé depuis des mois de ne pas être suffisamment ferme envers les messages haineux en Allemagne. Le groupe a toujours soutenu agir uniquement sur dénonciation afin de garantir un espace de liberté d'expression sur sa plateforme et aussi parce qu'il n'a pas les moyens humains pour tout vérifier.
Manque de réactivité
L'expérience menée par l'avocat allemand tend à prouver que faire remonter l'information ne suffit pas. Elle vient confirmer une enquête menée par les autorités fédérales qui avaient constaté, en septembre 2016, que seulement 46 % des messages haineux signalés à Facebook étaient supprimés en moins de 24 heures.
Dans un pays où les tensions autour de la politique d'accueil des réfugiés n'ont cessé de prendre de l'ampleur ces derniers mois, le manque de réactivité de Facebook inquiète autant la classe politique qu'une partie de la population allemande. Le réseau social est devenu l'un des principaux vecteurs de haine en ligne contre les migrants en Allemagne.
Facebook avait déjà échappé une première fois à une procédure similaire à Hambourg, dans le nord de l'Allemagne. Le parquet avait conclu que les personnes incriminées – dont Mark Zuckerberg – ne pouvaient pas être poursuivi pour ces faits en Allemagne. C'est pourquoi la nouvelle plainte vise également des responsables allemands du réseau social.